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Dominique Liquois: L'invitation au Voyage


Vous n'avez jamais vu ça !  Bingo ! Vous allez déguster un déjeuner de soleil et de couleurs. Vous allez participer à une fête pour les yeux, à un spectacle qui donne la pêche et vous met de bonne humeur. Dominique Liquois a inventé une façon de donner une vie intense au tableau.

D'abord, elle est peintre. Un peintre abstrait que je verrais plus proche de Lichtenstein ( qui n'était pas « abstrait » ) que de Pollock ou d'Atlan. Une peinture franche et libérée, forte, joyeuse. Dominique Liquois  dit elle-même qu'elle pratique « une abstraction qui se moque bien d'en être une, sans vouloir faire autrement ; une abstraction qui se laisse déborder par une certaine image du vivre et du corps ; une abstraction d'ouverture, de jeu, d'élargissement ». Sa peinture, c'est la couleur dans toute sa vibration. Dans toutes ses variations appliquées, réfléchies, travaillées. Là encore, elle s'explique et donne généreusement ses recettes : «  Mélanger sans tenir compte des proportions, bien malaxer, ajouter du blanc, du medium, de l'huile de lin, jusqu'à ce qu'enfin la bonne couleur apparaisse, exacte. Éviter les tons bruns, les ocres, les terres, trop matérialistes. Préférer les roses, chair, les Rouges sang, les orangés, les verts, les bleus, tous les bleus, les jaunes. Le noir est un contrepoint, il rattrape, il assoit, il pèse. Le blanc est une lumière et une absence ». Un excellent peintre donc, parfaitement maître de ses pigments et de leur emploi, totalement attentive aux effets, aux nuances, aux contrastes.


 

Mais là où Dominique Liquois innove, invente, apporte sa richesse acquise, c'est dans le mariage qu'elle célèbre dans chacune de ses toiles entre sa peinture et les tissus imprimés qu'elle a dénichés au 27 coins du monde.  Elle leur donne une forme renflée et souple, vivante de l'intérieur, accueillante, attirant la caresse et les coud  sur le support. Cette interaction entre un travail calme de peinture de chevalet et l'aventure liée à la quête internationale des tissus les plus extraordinaires est proprement saisissante. Le tissu, pour Dominique Liquois est «un matériau qui parle de la civilisation, de la manière de se vêtir, de protéger et de parer son corps. Les motifs sont souvent empruntés à l'environnement naturel et immédiat de la société qui les produit, ils résonnent comme une abstraction primitive et symbolique. Avec le temps ils ont perdu leur puissance de symbole pour devenir des motifs décoratifs ».


 

Le merveilleux est que, du coup, chaque tableau de Dominique Liquois peut se lire comme une histoire, comme une géographie, comme un diorama qui parle ( sans insister ) de sociologie, de philosophie, de féminité, de cultures… Qui livre des secrets et en recèle d'autres sous sa pureté extérieure. Et qu'il vibre comme une œuvre d'art à part entière, lumineuse et explosive.

 

 

Née en 1957 à Paris, Dominique Liquois a exposé son travail dès 1993 chez Jean Fournier, elle a participé aux salons de la Jeune Peinture, de la Jeune Création, à la Fiac…, elle a présenté ses œuvres dans des galeries à Paris ( Éric Seydoux…), à Mexico, à Brest, à Nanterre, à Madrid, à Londres… Son exposition actuelle , organisée par Daniel Moquay, se tient à Paris, jusqu'au 7 janvier, à Montparnasse, aux Archives Yves Klein, 21 avenue du Maine. Cela vaut le déplacement, c'est un voyage éblouissant à travers les civilisations. 

 

JB

 

 




09/12/2010
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