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Les Arts de la table sont très abordables ( 2004 )

Les Arts de la table  sont très abordables

                     


A l’approche des fêtes de fin d’année où l’on rêve de mets délicieux sur des tables coquettes, la chasse est ouverte pour les faïences, les porcelaines, l’argenterie, les verres...  Ce n’est pas un sport ruineux car dans les brocantes, chez les antiquaires ou dans les salles de ventes il est facile de se monter en ménage sans affoler son banquier. Des services entiers de porcelaine ou de cristal s’arrachent pour quelques centaines d’euro. Des couverts argentés pour quelques euros…

L’intérêt de cette course au trésor est qu’elle ouvre des pistes multiples. Joignant l’utile à l’agréable, on peut acheter des assiettes ou des verres pour s’en servir au quotidien ou pour faire un cadeau. Mais on peut aussi constituer des collections : autour d’une couleur : le bleu ; autour d’une ville de production : Lunéville ou Creil ou Tournai ; les assiettes « parlantes » avec des séries historiques, des proverbes…qui coûtent selon les thèmes et l’état de 10 à 100 € pièce. Quand on sait en outre qu’il est « très tendance » d’utiliser des verres, des tasses ou des couverts dépareillés  le champ est infini. Inès Heugel qui aime et collectionne les beaux objets de maison vient, sur tous ces thèmes, de publier aux Editions du Chêne un superbe ouvrage : « La passion des Arts de la table ». Ce livre est un guide très sûr qui permet de s’y retrouver entre les styles, les matières, les époques…Et de bénéficier de ses conseils et astuces pour les chineurs. Par exemple, il faut acquérir en ce moment des couverts Napoléon III ; ils ne sont pas encore trop cher, mais ça viendra. Ou bien, si vous vous intéressez aux barbotines, assiettes ou pichets, sachez qu’elle sont très à la mode, que celles de Lunéville et Saint-Clément, Orchies, restent abordables ; celles de Choisy et Vallauris progressent…



Verres et cristaux.
    


Lorsqu’on achète d’occasion au Louvre des Antiquaires un prestigieux service de Baccarat (autour de 1900), 50 pièces, modèle Kensington, pour 5 200 €, il faut savoir  qu’il en coûterait 4 400 € par verre pour le faire refaire aujourd’hui, comme l’assure l’expert Anne Lajoix. Un service Harcourt (Baccarat) de 48 pièces peut valoir 5 000 ou 6 000 €.  Un verre anonyme ou provenant d’un service répertorié,  coûte, à l’unité ou dépareillé, bien moins encore. Il faut compter de 30 à 200 € selon qu’il est soufflé ou pressé-moulé, taillé ou gravé, taillé et gravé, doré… Une carafe peut valoir de 150 à 400 €. Curieusement, l’ancienneté n’augmente pas franchement les prix, ce qui donne accès à de vraies merveilles.
 
Porcelaines et faïences

Les porcelaines chinoises, les assiettes de la Compagnie des Indes ont toujours la cote et sont très recherchées. Mais on en peut trouver de très belles pour 100 ou 200 euros. Du côté des porcelaines françaises,  Paris, Chantilly, tiennent le haut du pavé. Lors de la vente de porcelaines et faïences du 10 novembre à Drouot par Me Chantal  Pescheteau-Badin, une vente très représentative du marché actuel, un grand plat polychrome en porcelaine de Chine du XVII ème siècle, époque Kan xi, a été adjugé pour 3 000 € ; trois assiettes en Chantilly du XVIII ème siècle ont obtenu 350 € ; cinq assiette en porcelaine de  Paris à décor de fruits ont atteint 800 € ; une théière en porcelaine de Paris blanche et or a été adjugée 130 €. Côté faïence, moins chic mais souvent plus coloré le choix s’agrandit. Pour les collectionneurs de faïence chevronnés rien n’est plus beau et ne vaut davantage que les productions des Cinq Grands,  les cinq centres importants et historiques: Rouen, Moustiers, Marseille, Strasbourg et Nevers. En règle générale ces appellations contrôlées font les plus beaux résultats. Un plat de Rouen, ovale, à décor d’un bouquet, XVIII ème siècle, est parti pour 150 € ; un pichet à cidre en Rouen du XVIII ème siècle s’est vendu 210 € ;  une assiette de Moustiers, à bord chantourné, en faïence à décor ocre jaune, avec pour décor un musicien, une chèvre, un oiseau fantasque s’est envolée à 1 350 €. Mais il existe aussi en France, du Nord au Sud, de Quimper à Vallauris, bien d’autres centres de production qui ont à juste titre leurs fanatiques et leurs thuriféraires…Une assiette des Islettes (XIX ème siècle) à décor d’un cochon s’est vendue 680 € ; une autre, décorée d’un coq à la foudre, même époque n’a atteint que 300 €. Les faïences vertes de Rubelles ont leurs fanatiques : trois  assiettes ont trouvé preneur pour 500 €.
    
    Argenterie


    Le 5 novembre, à l’Hôtel Drouot, l’étude Massol qui s’est fait une spécialité dans l’argenterie et l’orfèvrerie, adjugeait  pour 2 400 € un plat à dinde en argent, de forme ovale, bordé d'une frise godronnée (2,880 kg). Une ménagère de style Louis XV en métal argenté comprenant 148 pièces permettant de servir 12 convives partait pour 2 500 €. Tout ce qui relève de l’argenterie d’occasion, de la vaisselle hôtelière et des pièces de forme en métal argenté constitue le fonds de commerce de l’Argenterie de Turenne, dans la rue du même nom à Paris. Les prix y sont très abordables. On y trouve des cuillères ou des fourchettes argentées à 5 euro pièce, des ménagères à 15 € l’unité…


    Mais comment dénicher les bonnes affaires ? D’abord, il faut savoir ce que l’on aime vraiment en visitant les musées et les magasins d’antiquités. Une lecture attentive de la Gazette de l’Hôtel Drouot permet de découvrir chaque semaine des quantités de ventes où trouver son bonheur. Et où se porter acquéreur. Pour les plus curieux, les passionnés, les cycles de conférences de Drouot Formation organisé avec les commissaires-priseurs apportent de vrai clés d’accès aux objets d’art. Bien des boutiques sont devenues aussi riches en surprises que des greniers de vieilles maisons de campagne. Pour la vaisselle, on n’a que l’embarras du choix. Il suffit de pousser une porte « Chez Fanette », 1, rue d’Alençon dans le 15 ème arrondissement à Paris, on peut par exemple trouver neuf verre de bistrot en verre pour 265  € ; six verres de table gravés en cristal pour 165 € ; des verres de bistrot très épais qui servaient à boire le café à 49 € pièce et des services 1900 en terre de feu illustrés de 38 pièces à 595 € ; de 59 pièces à 600 €.





Encadré 1

Elysée, brocante et gastronomie

Dans son travail quotidien, Maurice Alexis, chef de cuisine à l’Elysée, n’a pas à chercher trop loin pour installer ses créations culinaires dans de la belle vaisselle. Les placards de la première maison de France regorgent de services de table et de pièce de forme en Sèvres ou en Limoges. Il n’a qu’à se servir. Mais dès qu’il a quitté son tablier et sa toque, il court les brocantes avec son épouse photographe, Kim-Cùc. Et découvre comme chacun peut le faire de véritables trésors. Ainsi l’idée lui est venue de composer avec un de leurs amis, Bernard Guillon, un beau livre où soixantes recettes de cuisine des plus alléchantes sont présentées dans des assiettes ou des plats dégottés ici ou là. Le résultat est plus qu’appétissant. Voilà une tourte de pomme de terre sur une assiette de Tournai, une échine de porc dans une jardinière de Creil-Montereau…le tout assaisonné de trucs de cuisiniers et d’astuces de chineurs. Le livre, édité par Aubanel, a déjà été couronné par deux prix, celui du Festival du Livre gourmand de Figeac et le prix Antonin Carême. Il fera un très joli présent.

Encadré N2

Peut-on réparer les porcelaines cassées?

Une ébréchure, une fêlure, font perdre à un objet de porcelaine ou de faïence une grosse partie de sa valeur marchande. Mais pas toujours la valeur sentimentale qu’on peut y attacher. Aussi a-t-on depuis belle lurette trouvé quelques parades.
«  La méthode la plus ancienne consistait à ressouder au moyen d'agrafes les deux parties de la pièce, explique Patrice  Schalikoff-Katkoff, expert en œuvres d'art à Beaulieu-sur-Mer. Le malheur est qu'une telle réparation se voit beaucoup, ajoute-t-il. Alors on a utilisé des colles dont certaines sont  très performantes. Mais on aperçoit toujours la trace de la cassure. Pour la faïence la méthode la plus efficace, et la plus discrète, est celle de la re-cuisson. La faïence suppose en effet deux cuissons, l'une pour la pièce elle-même, à grand feu, l'autre pour le motif et la couleur, a demi feu ou feu de moufle. Sur la cassure, réparée au moyen d'une colle éprouvée, on applique des retouches de pâte liquide d'émail qui rebouchent les moindres interstices. Une cuisson à demi feu efface les traces d'intervention. Ces réparations ont un prix très élevé et sont réservées à des objets particulièrement chéris. »


Publié par Le Figaro ( 2004 )


02/10/2009
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