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Roberto Battistini : Regards d'artistes

 


Vous connaissez sans doute le portrait de Serge Gainsbourg affublé d’une superbe moustache, parodiant avec humour Salvador Dali.  L’auteur de ce délire gainsbourgo-dalinien, de cette icône ayant fait le tour du monde, n’est autre que le photographe Roberto Battistini.

 Cet instantané constitue l’une des mille et une images saisies par l’objectif de cet artiste intuitif et généreux.

Tout jeune encore, Roberto Battistini né à Bastia le 16 septembre 1959, consacre à la photographie  tous ses loisirs.

Il s’éprend  d’une double magie : celle de la prise de vue et du laboratoire, et s’initie dès lors à l’alchimie qu’il faut mettre en œuvre pour donner naissance à l’image.

 

Plus tard, à l’ Université  des Sciences sociales de Grenoble ,  il suit un premier cycle en  « Sciences et techniques de la communication ». Cette formation initiale, fortement ancrée dans la psychologie, se poursuit dans la capitale  par une licence en cinéma qu’il obtient à l’ « Université de Paris VIII » en 1980.

Après un stage dans la rédaction du « Quotidien de Paris » de Philippe Tesson, il soutient son mémoire de maîtrise sur « Le traitement de la photographie dans la presse quotidienne ». Il y a matière : nous sommes en 1981, en pleine effervescence de l’élection présidentielle qui voit François Mitterrand succéder à Valéry Giscard d’Estaing…

 

Roberto Battistini, effectue un double cursus au « Conservatoire libre du cinéma français »,  et entre, l’année suivante, dans la section « Photographie » de  l’« École Nationale Supérieure des Arts Décoratif » de Paris. 

Aux « Arts Déco », il se forme à la technique mixte prise de vues/développement, dite du « Zone system », élaborée par Fred Archer et le mythique Ansel Adams. 

A la même époque, il découvre le travail fabuleux de la « Farm Security Administration » américaine, dirigée par Roy Striker.

 

Ce dernier, chargé durant la « Grande dépression » des années 30, de montrer le travail et les conditions de vie de l’agriculture américaine, avait recruté une trentaine de photographes dont le travail précis et somptueux fait toujours référence : Richard Saunders, Walker Evans, Dorothea Lange, Russel Lee, Arthur Rothstein…

Roberto Battistini s’imprègne aussi des immenses portraitistes  que sont Richard Avedon, Irving Penn, Arnold Newman,  August Sanders, Yousuf  Karsh…

Armé de cette expérience et de sa sensibilité, il entre en 1984  à l’ « Agence Viva », fondée en 1972 par huit photographes inspirés par les idéaux de mai 68 : Martine Franck (l’épouse de Henri Cartier-Bresson), Claude Raimond-Dityvon,  François Hers, Hervé Gloagen, Alain Dagbert, Richard Kalvar, Jean Lattès, Guy Le Querrec.

En 1985 , Roberto Battistini quitte « Viva » pour devenir le photographe du magazine « Medias »  lancé en 1980 par Eudes et Blandine Delafon.

 

 

Dans son studio aménagé au sein de la rédaction, rue d’Amsterdam, il imagine en deux ans  plus de cent couvertures représentant des portraits de personnalités de l’univers des médias et de la communication. C’est dans cet atelier qu’il  crée la photographie de « Gainsbourg en Dali »,  révélée au public en 2011 lors de l’exposition : « Gainsbourg initiales LG » chez Sotheby’s Paris. 

En 1987,  il ouvre son propre studio de prise de vue et  s’engage dans  la photographie institutionnelle et publicitaire  tout en continuant à collaborer avec des  news magazines.

Il travaille ainsi :

-      dans la publicité pour:   Euro RSCG, Publicis, TBWA, Ogilvy, Australie, Mac Can Ericson…

-      dans la presse pour: Vogue Homme, Paris-Match, Le Figaro Magazine, Madame Figaro, Le Point, L’Express, Elle, Frankfurter Magazine, Business Week international, European Travel and Life, etc.                                                                                     

 

Son travail est récompensé par plusieurs prix : 1991, le « Grand prix des Directeurs artistiques »  avec l’agence  Australie ; en 2007, le « Grand prix de l’Affichage », le « Grand prix Stratégie » et le « Grand prix du public » pour la campagne de publicité « Canal+ »  « Chirac Pot de départ » de l’agence BETC Euro RSCG.

Roberto Battistini expose également son travail lors de grandes manifestations :

- le « Salon de la Photographie de Paris »                              (Personnalités des médias),

- le « Festival Visa pour l’Image » de Perpignan (Canal+ et les Guignols de l’Info),

- le « Printemps de la Photographie » de Cahors …

ou bien

- à la Galerie Charpentier chez Sotheby’s  Paris,

- au French Alliance Institute à New  York, (« Gainsbourg initiales LG »), etc.

 

 

En 2012, dans le cadre du « Mois de la Photo à Paris » organisé par la « Maison Européenne de la Photographie » il présente ses « Regards d’Artistes »  à la Galerie Blumann, 4 Place des Vosges à Paris.

 

 

Dans le même temps, en partenariat avec le « Centre Méditerranéen de la Photographie », il conduit, en Corse, en Afrique du Nord et sur le continent un travail de recherche qui  interroge la mémoire du territoire, des hommes et des lieux  autour des événements de la libération de l’île en octobre 1943.

A l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la libération de la Corse, ce travail donnera lieu en 2013 à trois réalisations :

-      un beau livre

-      une exposition

-      un documentaire historique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'exposition de Roberto Battistini à la Galerie Blumann pendant la saison de Paris Photo a donné lieu à la publication d'un beau livre: 

 

 

 

 

 

 

 

Le sculpteur César. ( Photo Roberto Battistini )

 

L' ensemble des photographies d'artistes qui est présentée dans cet ouvrage est préfacé par Emmanuel Jaffelin: 

 

 

Trait pour trait


Le portrait oscille toujours entre l’hagiographie et l’iconoclasme. La crainte du modèle est donc justifiée puisqu’il ignore ce qui sortira de l’objectif. D’objectivité en photographie, il n’est pas question.

Le photographe fixe pour l’éternité une subjectivité qui est fondamentalement liberté !
Sartre nous rappelle à quel point le regard fige le sujet qui en est l’objet.

« Autrui, c’est d’abord la fuite permanente des choses vers un terme que je saisis
à la fois comme objet à une certaine distance de moi et qui m’échappe en tant qu’il déplie autour de lui ses propres distances ».

Le projet du photographe est par conséquent d’abolir la distance qui le sépare de son modèle afin que celui-ci, d’objet, redevienne pleinement sujet.
Cette abolition ne consiste pas seulement à briser la glace : elle suppose de la part du photographe une stratégie lui permettant d’entrer par effraction dans l’intimité du sujet pour qu’il révèle la part essentielle de sa subjectivité.

Mais la difficulté se redouble lorsque le sujet photographié est lui-même un homme
Du regard. L’artiste connaît en effet le terrible pouvoir de l’image : sa force incantatrice ou destructrice.

Pour lui, l’image n’est pas une copie du réel, mais ce qui le structure.
On comprend alors aisément que l’artiste ne se donne pas. Devant sa propre image, il dissimule une insincérité maximale. Son don est de façade : il offre à L’objectif une facette, une fossette qui est pirouette et facétie.

Qui fait l’ange fait la bête : aussi l’artiste prend il la pose pour mieux im-poser son image qui vaut être.

Tout l’art de Roberto Battistini consiste à livrer un combat qui ne dit pas son nom afin d’obliger l’artiste à baisser la garde pour livrer à l’objectif sa part d’ombre et de lumière.

« Trait pour trait, œil pour œil : la séance de portraits tout en adoptant des airs policés, révèle une lutte pour la reconnaissance de deux consciences ».

Le photographe dit implicitement à l’artiste : je suis autant artiste que toi, tandis que l’artiste pense, par sa connaissance de l’image, pouvoir esquiver chaque prise comme le ferait un boxer sur le ring, riant sous cape de voir chaque flash se heurter à un miroir.

Rien n’est plus vital que ce duel à fleurets mouchetés de ces deux artistes qui ont en partage le royaume de l’image.
Roberto Battistini nous offre ici le tribut de son combat.

 

 

Emmanuel JAFFELIN Eloge de la Gentillesse 

 

 

 

 

 




16/11/2012
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