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"White material" de Claire Denis: quel ratage!!!

Il ne faut jamais faire confiance aux critiques cinématographiques de Jacques Mandelbaum dans le Monde. Cet artisan de la critique - qui n'écrit pas mal - projette dans les films ce qu'il imagine y trouver. Il pensait voir dans "La Rafle" de Roselyne Bosch un film intellectuel et compliqué, plus proche d'Anna Arendt et de Primo Levi que du "Choix de Sophie" ou de "La liste de Schindler". Du coup il  avait assassiné "La Rafle", excellent film grand public ( plus d'un million d'entrées déjà et tête du box-office ) et très nécessaire sur un sujet qui doit être rappelé aux mémoires vacillantes. Hier, lisant son papier sur « White Material » de Claire Denis j'ai décidé d'aller le voir dès cet après midi. Quelle déception… Sur un très beau sujet ( oh mannes de « Out of Africa » !!! ) Claire Denis rate ce qui aurait pu être un bon film. Mais voilà : le récit est tellement effiloché, tellement émietté en séquences décousues que le film fond comme un esquimau exposé au soleil de midi. Les personnages sont le plus souvent filmés seuls dans leur parcours invraisemblable. Jamais on ne voit ensemble les quatre résidents blancs de la plantation de café noir qui auraient pourtant des choses à se dire. Chacun agit comme Jean Rochefort dans ses performances alimentaires : À sa guise… C'est à dire sans tenir compte du contexte que l'on a d'ailleurs du mal à comprendre dans les déferlements hétérogènes et mal définis de hordes de soldats « réguliers », de rebelles pourtant en uniformes, d'enfants-soldats armés jusqu'aux dents de lait… Dans ce monde en furie qui symbolise sans doute la revanche de l'homme noir sur la colonisation,  Isabelle Huppert est une vraie folle de Chaillot ou plutôt de la Muette… qui bosse comme Tarzan et Jeanne Hachette réunis et qui s'adresse à ses ouvriers comme Marie-Chantal à son charcutier… Tarzan décati, Christophe Lambert, sans doute imbibé de whisky, - cliché oblige - traîne dans les parages en essayant pour se tirer des pattes de vendre la boutique au maire africain du village et en soutirant sa signature à son père qui est parfaitement en dehors du coup, de tous les coups. Quant au fils de la famille, Nicolas Duvauchelle, il est hors de ses pompes, parcourant pieds nus la savane arbustive, rasant sa blonde chevelure pour bien montrer que lui aussi est totalement fou. Ce qu'on avait pu découvrir à la vue des tatouages gigantesques et mystérieux tapissant son torse : de la bande dessinée aux chiffres romains,  du boulot pour un chartiste… Bref, un film bâclé en tout cas non fini, monté malgré le manque de scènes qui auraient mis du liant et du récit. Et c'est dommage car il y a aussi des images splendides de l'Afrique, des sentiments puissants que l'on perçoit malgré les trous dans la trame… J'ajouterai pour conclure que ce film révèle une vision terrible de l'Histoire et des relations entre les peuples noirs et les blancs égarés sur le continent africain qui, en comparaison, font des déclarations d'Éric Zemmour des poèmes tiers-mondistes dans un univers de Bisounours.

PS. Lisant de nombreuses critiques de ce films qui en font le meilleur film de la semaine, je me sens un peu isolé... Et surtout, je ne voudrais décourager quiconque. Allez donc voir "White material' si vous en aviez envie avant de lire mon opinion. Après tout, je n'ai peut être pas su voir ce que me proposait Claire Denis dont j'ai admiré bien d'autres films précédemment.


24/03/2010
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