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As Mbengue, le guetteur d'horizons


As Mbengue, le guetteur d'horizons


As, comme les bons marins, est un guetteur d'horizons.
Tous ses moments, toutes ses rencontres, tous ses voyages lui servent à imaginer un ailleurs ; à inventer ce qui se cache derrière les brumes de la réalité frontale.

A traduire, sur la toile, le feu d'artifice de ses interprétations.
D'un voyage en Espagne, il revient avec 1 000 croquis, piqués sur le vif et un trésor mental où il pourrait puiser pour peindre autant de tableaux. D'un accident de scooter, sur le périphérique, il imagine les prolongements, les tenants et aboutissements, avec humour, dans le drame ou dans l'évasion vers des paysages fantasmagoriques où surgissent chevaliers et dragons, fétiches et masques tribaux, antilopes et varans. L'image galope, As tient la barre et le pinceau. Et commence : anticyclones et dépressions, températures en hausse ou en baisse, images satellites… le voilà devant les cartes de la météo ; cartes banales que toutes les télévisions montrent ; As voit cela et entend comme nous, mais lui, il veut tout de suite déborder. On lui indique le temps qu'il fait au Zaïre, il y est déjà. Avec une Africaine et les rythmes colorés.

Ici le temps se gâte. Un temps de chien… de chien ? et pourquoi pas de cheval. La balade s'amorce, oiseaux gris et femmes aux yeux en amande. Voyages égalent rencontres, chocs, orages et passions.
Le soleil, le feu, la mer, les racines, tout l'univers de As est là. C'est le monde ; chacun de ses tableaux est le monde. Les sentiments et les impressions se rejoignent sur trame ocre comme la terre, avec des échappées de bleu comme la mer et le ciel et des flammes rouges comme la vie.

"Je suis comme un griot ", dit-il, se comparant à ces poètes musiciens de l'Afrique qui savent raconter la saga des vies et familles, faire pleurer et rire, aident à aimer et à mourir. " Comme un griot, je dis beaucoup dans ma peinture, sur l'amour, la vie, la mort, le désespoir, l'injustice ".
As est africain, profondément ancré dans les traditions qui règlent l'ordre des choses et des existences intimement rythmé par les cadences et les sonorités du continent mystérieux. Mais As est aussi résolument d'aujourd'hui : tam-tam et walkman, cédéroms et balafons. C'est sa musique ; sa peinture est au diapason.

Né au bord de la mer, dans la grande famille des Lébous, peuple de navigateurs et de pêcheurs, As, de son nom originel Ibrahima M'Bengue, sillonne les océans des images et des réalités, explore les contrées de l'imaginaire et de la vie ; remplit ses filets et ses toiles d'une somptueuse et prodigieuse capture.

Jacques Bouzerand (Parcours 1994)


Hôpital éphémère (1991)


Il travaille à l’hôpital Ephémère Ex-Bretonneau.
Ses travaux lui ont déjà valu l’intérêt de grands Galeristes à New York, Paris, Munich, Tokyo, où il compte à son actif de multiples expositions. Sur ses grandes toiles ocres comme sa terre natale, source première essentielle de son inspiration, se fixe toujours une note de bleu.

Par les thèmes qu’il développe, leur matière et leur technique, les tableaux de AS M’Bengue ont un réel pouvoir de charme et d’évocations. Une magie très africaine et universelle.

Qu’on le veuille ou non, la peinture vit ! En a-t-on assez annoncé, claironné la fin ! Dieu merci, elle a la peau dure. Depuis Lascaux et Altamira, elle a eu le temps de se mithridatiser contre tous les venins et d’apprendre à parer toutes les attaques.

Si j’ai choisi de présenter au Salon de la jeune peinture le travail de AS M’Bengue, c’est parce qu’il est, à mes yeux, un des plus aptes à démontrer, aujourd’hui, la vitalité de la peinture.

A chacun de choisir sa surface, sa temporalité, son vocabulaire, sa grammaire, sa mélodie, ses leitmotive, son rythme… et, bien-sûr, sa lecture.
AS M’Bengue peint comme il respire.


15/03/2010
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