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* Didier Chamizo et Bernard Pras à la Chantrerie

DIDIER CHAMIZO ET BERNARD PRAS À LA CHANTRERIE


Ils peuvent s'entendre comme larrons en foire. Et leurs œuvres, à la Chantrerie de Cahors, font mieux que bon ménage. Tous deux, sont des compositeurs déjantés de la réalité. Ils réalignent à leur guise les chromosomes du réel dans des additions et des multiplications fantasques. Ils finissent toujours par tomber juste pour nous offrir le visage d' un « aujourd'hui » aussi extravagant  que convaincant.
Acrylique pour l'un, objets quotidiens pour l'autre, Didier Chamizo et Bernard Pras se déchaînent avec les outils ou les moyens qu'ils ont à leur disposition.


     Didier  Chamizo fait exploser les couleurs et les formes, il réinvente un vocabulaire et reconstitue un alphabet. Il tord les lignes et les lettres, il les façonne, se les approprie…Et voilà que surgissent de ses pinceaux magiques  un Saint-Sébastien en fashion victim, revu pour Jean-Paul Gaultier, Hamlet, Ulysse, le Centaure, Keith Richard, Jean-Michel Basquiat, la Joconde, Mars et Vénus… ou bien  la Cène, la nouvelle République française et New-York… Des personnages charismatiques ou emblématiques, des paysages urbains chargés de vibrations et de testostérone. Toujours réalisés avec une maîtrise parfaite, toujours impeccables, toujours époustouflants. Dans l'exagération des traits, dans une forme supérieure de caricature, avec sa sensibilité aux symboles et aux détails significatifs Didier Chamizo pointe, pique, chope  les petits riens qui  font sens,  comme dans un autre genre l'avait tout bêtement fait Molière, lui aussi philosophe et dramaturge de son temps.


Bernard Pras, c'est l'Arcimboldo de la modernité. Avec trois carottes, un potiron, une tomate et quelques salades, le grand ancêtre de la Renaissance composait les portraits ressemblants et exquis de ses contemporains et de quelques célébrités historiques. Bernard Pras, ramasse tout :  des vieilles godasses et des escarpins à talon pointu, des boutons de gilet et des cendriers, des boîtes de sel et des peignes en plastique…tout fait ventre, ou plutôt tout fait visage… Nés d'un capharnaüm, comme l'abbé Pierre n'en a jamais rêvé pour ses centres Emmaüs,  ses Einstein, Mickey, Marylin, Dutronc…, sa Geisha ou ses portraits de Burkinabés, d'Irlandais, de Péruviens ou de Réunionnaises,… Avec des rouleaux de papier hygiénique, des coquilles Saint-Jacques, des sachets de bonbons, il vous campe un très sérieux et hilarant Louis XIV en majesté. Construits comme un puzzle à « n » dimensions, ces portraits chargés  deviennent, tirés en cibachrome sur aluminium, des icônes composites et flagrantes.

Tout cela, aussi bien chez Didier Chamizo que chez Bernard Pras,  pourrait être une performance, une habileté  de bricoleur, un jeu de drôle…et n'être que cela. Mais il faut lire entre les lignes. Remarquer dans le portrait de Marilyn par Bernard Pras les petites boîtes de médicaments, l'étiquette d'Évian, les porte-savon en bakélite etc. etc. pour enrichir le contenu, approfondir l'apparence de l'image lisse. Il faut décortiquer l'Ulysse de Didier Chamizo pour saisir les éléments qui le constituent : les ombres chinoises des guerriers antiques et les yeux en pupille à tête de mort. Ou noter dans l'Indian dream, ce Mickey rigolo à tête parée de plumes de Sioux, le carnage des dieux anciens et d'une civilisation foulés au pied. C'est dire que derrière le message n°1, évident, manifeste, se cache ou se profile un message n°2, subliminal, qui donne à réfléchir. C'est de l'Art. Simplement.



17/09/2009
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