monoeilsurlart

Éva Jospin : une forêt, des forêts...


 

 

 

Voilà un an et demi,  Éva Jospin dévoilait le projet créatif  qu'elle portait dans le secret de son atelier: une forêt. Elle déployait sa vision, sa conception, sa ré-invention de la forêt dans toute la richesse écologique, sentimentale, artistique, mythologique… de ce mot tellement porteur de sens.   Dans cet esprit, Éva Jospin mettait déjà à sa disposition une technique virtuose tout à fait personnelle appliquée à un médium d'exception :  le carton ondulé.



 

Découpée, effilée, tailladée, écrasée, rognée, grattée, contre-collée, superposée… cette matière première monochrome et banale se plie à toutes les volontés de l'artiste. Elle est malléable, taillable et corvéable à merci,  pour  satisfaire à mille et une intentions formelles. Avec un  matériau primaire, originel, « un », l'artiste, démiurge,  fait exploser la multiplicité des expressions : troncs d'arbre, branchage, lianes, feuilles, herbes, mousses, fleurs, rochers… mais aussi, qui sait, des visages et des corps de lutins tapis dans les buissons. Tout est possible. 







A la Galerie « Pièce unique » à Saint-Germain-des-Près, ou plutôt dans les deux galeries « Pièce unique », l'aînée,  rue Jacques Callot et sa cadette, « Variations »,  à quelques dizaines de mètres, rue Mazarine,  Éva Jospin donne - jusqu'au 5 juin-, toute sa mesure. Les deux espaces différents et complémentaires lui offrent la possibilité d'exprimer son inventivité.  Aussi bien dans de grands paysages denses et subtils que dans des pièces plus petites, fragments, approches, zooms…



 

Dans son  « Détails de forêt »,  qui s'installe en majesté  sur 242 x 300 x 56 cm, la mise à l'épreuve et le travail intensifs  des panneaux de cartonnage brut permettent des folies et toutes les exubérances. Mais contenues dans un ensemble ordonné et éloquent. La grande pièce en vitrine de la galerie de la rue Jacques Callot, vibre ainsi avec les variations de l'éclairage qu'elle reçoit qui lui font vivre au fil des minutes d'observations toutes les heures et toutes les impressions de la journée, des saisons et  même des siècles. Il suffit, si l'on veut bien, de se laisser porter, capter, emporter par le spectacle fabuleux qui est offert. Fabuleux oui,  car l'image en relief que l'on reçoit  évoque aussi richement Brocéliande que l'Amazonie. Vertiges des mythes, de l'histoire, de la géographie… On peut alors, dans la contemplation,  se retrouver au pays de Max Ernst ou chez Caspar David Friedrich,  respirer  dans des environnements à la William Blake ou  Gustave Doré…



 

Le travail d'Éva Jospin a ceci d'extraordinaire et d'intéressant qu'en fonction de votre humeur,  de votre tempérament ou de votre culture, il peut vous transporter vers tous les rivages virtuels de la mémoire, de l'imagination ou de la connaissance. Bienvenue, pourquoi refuser le voyage,  au royaume des fées, au château mystérieux  de « La Belle et la Bête » de Germaine de Beaumont, tel que l'a immortalisé Jean Cocteau.Le réel derrière le miroir… Polysémiques, les forêts d'Éva Jospin  ouvrent les portes du rêve. Mais aussi de la vie.



 

Mais il y a autre chose encore. Autre chose  en effet que l'on découvre dans les petites caissettes sous verre où Éva Jospin a décliné des éléments singuliers de ses forêts.  En s'appliquant à développer sous des angles divers et dans des cadrages étudiés des moments spatio-temporels de son Grand Oeuvre forestier, l'artiste trouve des formules, des agencements de son vocabulaire, qui rapprochent son travail de celui d'artistes accomplis de l'abstraction. Chez Éva Jospin, on navigue ainsi, à volonté, de certaines œuvres que l'on pourrait  dire empreintes d'un  surréalisme enchanteur  à d'autres qui sont des espaces – à trois dimensions - où seule la texture invite à fait texte, à faire sens. Rappelons Pierre Soulages qui a coutume de dire :  « L'œuvre d'art est objet sur lequel les sens viennent se faire et se défaire ». Le regardeur a toujours le dernier mot.

 

Jacques Bouzerand




Biennale de Venise :


Eva Jospin
in "Round the Clock" curated by Martina Cavallarin
(collateral event of the 54th Biennal of Venice)
at Spazio Thetis - Arsenale Novissimo
From June 4 to October 30
Opening: June 1st at 12 am

Eva Jospin
in "L'Apparence de l'Art - L'Art de l'Apparence" curated by Michel Harcourt
Fondamenta delle Zattere 51
(between Punta della Dogana and Magazzini del Sale)
From June 2 to October 24
Opening: June 1st from 5pm to 9 pm

  



03/04/2011
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 20 autres membres