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Julie Verlaine :Tout pour la galerie...

 

 

 

 

 

Non ce n'est pas un sonnet, ni un poème en prose ( pardon pour ces jeux de mots faciles ) mais une formidable étude sur le fonctionnement des galeries d'art contemporain à Paris, de 1944 à 1970. Pour qui s'intéresse à l'art contemporain, cet ouvrage est une nécessité. 

Cette étude a été menée sur plusieurs années par Julie Verlaine, agrégée d'histoire, ancienne élève de l'École normale supérieure, maître de conférence à l'Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne. Cette recherche a été conduite notamment dans de nombreux centres d'archives, à Paris et à New-York, mais aussi à Angers, Caen, Cologne et New-Haven. Elle retrace l'histoire sociale et culturelle du commerce de l'art parisien après la Libération.

"La compréhension de la spécificité du marché de l'art contemporain qui réside dans l'intrication complexe entre art et argent, entre création et commerce, passe par l'étude de la manière dont celui-ci construit la valeur des oeuvres d'art."

 

Le marché des oeuvres d'art contemporain, explique Julie Verlaine, s'est transformé à la suite de  "plusieurs phénomènes, comme la perte d'influence des récompenses académiques et, a contrario, la prise d'importance des indicateurs économiques pour attester la valeur des mouvements picturaux d'avant-garde, le déplacement de l'intérêt du public, la facture de l'oeuvre vers l'originalité et la signature de l'artiste, sans oublier la spéculation croissante des collectionneurs", tout cela concourt à faire de la réputation le signe le plus déterminant de la légitimité artistique, à lier très étroitement le critère du goût, voire de la mode, à celui de la valeur des oeuvres".

 

Du coup, les marchands d'art sont amenés à "concentrer leurs activités sur la construction d'une notoriété la plus solide et la plus large possible pour leurs artistes". " L'originalité et la complexité de ce marché naissent de la confrontation entre cette logique de notoriété et la forte incertitude qui entoure la valeur des oeuvres d'art au moment de leur création et de leur première commercialisation." "Les marchands prennent place parmi ces instances de légitimation qui résolvent, quoique incomplètement, le problème de l'incertitude et ipar conséquent forgent la valeur des oeuvres récentes." 

 

Je constate que je n'ai fait jusque là que de citer des phrases de Julie Verlaine.  Mon "plagiat" incomplet ( mais reconnu en l'occurrence ) me permet ici grâce à la justesse et à l'intelligence de ce qui est dit, de  tracer, mieux que je ne l'aurais fait moi-même en recomposant un discours le propos de l'auteur. De Denise René à Daniel Templon, de Bernard Gheerbrandt à Daniel Cordier et Aimé Maeght, de Colette Allendy, d'Iris Clert, de Paul Facchetti et Myriam Prévost, à Pierre Restany et Janine Goldschmidt et à Daniel Gervis, Iléana Sonnabend  ou Yvon Lambert pour ne citer que quelques noms,  ces galeristes ( le mot, si utile, a été introduit en 1981 dans le Petit Robert )  ont découvert et aidé les plus intéressants des artistes à vivre, à créer et à construire leur notoriété. Ils ont  constitué le nouveau marché parisien de l'après-guerre. Avec eux nous parcourons trente-cinq années fabuleuses ou difficiles qui ont marqué l'histoire de l'art, à Paris et dans le monde. 

De très passionnantes illustrations, de beaux graphiques, des listes d'expositions et des tableaux synoptiques, des index ... aident à la visualisation et à la mise en perspective d'informations. Je n'ai qu'un regret, mais était-ce le lieu, le nombre restreint des indications des cotes des artistes et leur évolution. 

 

"Les galeries d'art contemporain à Paris, une histoire culturelle du marché de l'art, 1944-1970" Publication de la Sorbonne.  Paris décembre 2012. Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, 160 x 240 mm, 586 pages, 121 figures, 25 €
ISBN 978-2-85944-723-6 / ISSN 2105-5505

  



20/03/2013
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