L'Estampe contemporaine (2006)
L’estampe contemporaine est à la mode
Les estampes : gravures, lithographies, sérigraphies…sont la voie la plus sure et la plus évidente pour entrer dans le marché de l’art contemporain sans dépenser des fortunes. Dans les galeries et les ventes publique, de plus en plus de collectionneurs et d’amateurs s’y intéressent.
+++++
Les milliardaires François Pinault ou Bernard Arnault figurent parmi les plus célèbres collectionneurs d’art contemporain. On connaît leurs goûts et leurs aspirations. On sait aussi ce qu’il leur en coûte, des millions de dollars. Mais il n’est pas nécessaire d’être aussi riche qu’eux pour faire également partie de cet univers. Avec quelques centaines d’euros on peut acheter des œuvres des plus grands artistes d’aujourd’hui, dont les tableaux valent des milliers ou des millions d’euros, ceux là même qu’ils collectionnent, et que par exemple François Pinault montre actuellement au Palazzo Grassi de Venise.
Les estampes, en effet, sont des œuvres à part entière, datées et signées mais elles demeurent accessibles. Les foires d’art comme la FIAC ou Art Paris leur réservent de plus en plus d’espace. Et chaque année de nombreuses ventes publiques, répertoriées par La Gazette de l’Hôtel Drouot, donnent accès à ces œuvres. Ainsi, lors de la vente organisée à Versailles le 5 mars par Mes Perrin, Royère, Lajeunesse une sérigraphie de Pierre Soulages a été adjugée 1 500 euros, une sérigraphie de Robert Combas, 900 euros, une autre de Takashi Murakami, 900 euros. Abordable non ?
Chez Cornette de Saint-Cyr, à Drouot-Richelieu, le 19 mars, une Chaise électrique d’Andy Warhol était adjugée 6047 euros ; deux lithographies de Pierre Soulages partaient pour 1 270 et 1 391 euros ; une très vaste sérigraphie d’Arman pour 5079 euros ; et une lithographie pleine de couleurs de Robert Combas pour 1512 euros. Chez Catherine Charbonneaux, à Drouot –Richelieu, le 29 mars, une aquatinte de Jean Fautrier de 1964 était adjugée 300 euros.
Les prix parfois s’envolent pour des pièces remarquables. Ainsi le 4 avril, chez Artcurial (Mes Briest, Le Fur, Poulain, F . Tajan) Isabelle Milsztein avait organisé une vente d’estampes au cours de laquelle une lithographie en quatre couleurs de Jean Dubuffet « Nez carotte », datée de 1962, et tirée a 50 exemplaires, 60x38 cm, a obtenu 49 329 Euros. Mais le même jour, une eau forte de David Hockney « French Shop », 1971, se vendait 1973 Euros, et une sérigraphie sur vinyle de Tom Wesselmann de 1965, la première planche de cet artiste, tirée a 300 exemplaire « Cut Out Nude » partait a 8 016 euros sur une estimation de 4 000. « Un hommage à Jean-Sebastien Bach » de Victor Vasarely, éditions Belfond 1973, album composé de 14 sérigraphies en couleur, était vendu 8 604 Euros.
Les galeries d’art elles aussi proposent des estampes des artistes les plus avant-gardistes. A la Fiac en 2002, Emmanuel Perrotin dont les galeries, rue de Turenne à Paris et à Miami, sont devenues des hauts lieux de l’art contemporain, avait joué la carte de la démocratisation. Il offrait pour 100 euros pièce des tirages (exécutés sur place) d’oeuvres du Japonais Takashi Murakami. Vingt visuels limités à 300 exemplaires chacun. En deux jours, Emmanuel Perrotin en avait vendu 2 000, refusant d’ailleurs les demandes de certains qui auraient acheté 20, 30 exemplaires. Quelques uns de ces tirages sont présentés aujourd’hui dans des ventes publiques avec des estimations de 2 à 3 000 euros, choquantes d’ailleurs à l’avis du galeriste qui ne souhaitait pas, pour ces produits, un tel effet de spéculation. « C’était un pari, explique t-il. Il avait fallu acheter les droits à l’artiste ; installer une logistique énorme de fabrication et de commercialisation : tubes pour l’empaquetage, caisse enregistreuse, manutention…Ce qui entraînait un coût de production élevé » A Miami, Emmanuel Perrotin vend 300 euros des multiples de Murakami tirés à 5 000 exemplaires et d’autres beaucoup plus chers, de 3 à 5 000 dollars, édités à 50 exemplaires sur de très beaux papiers avec des couleurs spéciales. On trouve aussi, dans sa galerie de Paris, des tirages de Aya Takano, Chiho Aoshima ou Nicolas Frize… « Le marché de l’estampe est encore mal mis en valeur dans les expositions en France mais il devrait se développer » dit Perrotin.
ENCADRES
Combien ça coûte ?
De quelque 100 euros à plusieurs millions de dollars, c’est ce que valent les estampes d’artistes contemporains confirmés. Chez Christie’s à New York en novembre 2005 une sérigraphie de Jasper Johns, « Flag 1 » de 1973 atteignait 5, 94 millions de dollars. En février, à Londres, chez Christie’s également, une série des dix « Marilyn » de Andy Warhol , tirée à 200 exemplaires, provenant directement de la collection de Claude Renard, un ancien cadre de chez Renault et de son épouse Micheline, était adjugée 1 million de dollars. En comparaison la peinture « Orange Marilyn » de Warhol avait atteint 17,3 millions de dollars chez Sotheby’s en 2004. Avec des prix bien plus modestes on peut acheter en vente publique des classiques comme Pierre Soulages ou Hans Hartung : autour de deux milliers d’euros. Attention, il ne faut pas confondre une estampe signée et un simple poster. Ainsi chez Yvon Lambert, un poster de Cy Twombly, « Actualité d’un bilan », 1972, d’époque, est proposé pour 50 euros et un autre au même prix de 1987 annonce une exposition de Basquiat. Un cadeau, pour des pièces qui se raréfient, mais ni signées, ni datées ce ne sont pas des œuvres à part entière. En revanche, une exceptionnelle sérigraphie d’une série anatomique de Jean-Michel Basquiat, de 1982, y est offerte à 5 000 euros. Et ce n’est pas cher non plus ! Un tableau de Twombly ou de Basquiat s’estime au bas mot 1 million de dollars.
Du côté des jeunes artistes, Chez Valentin, rue Saint Gilles propose une sérigraphie de Laurent Grasso ( un des artistes exposés actuellement à la rétrospective « Notre histoire » au Palais de Tokyo), « Radio Ghost », qui peut être emportées pour 100 euros et une Vanité de Mathieu Mercier (prix Marcel Duchamp 2003 de l’association des collectionneurs ADIAF), pour 150 Euros. A la galerie de Multiples, une lithographie de John Baldessari est offerte à 2500 euros, (très peu par rapport à la cote de ses tableaux) ; une création de Saadane Afif à 300 euros et un affiche de Tissot « NRV » à 100 euros.
Comment bien acheter.
Selon l’expression de Bernard Gheerbrant, fondateur de la librairie «La Hune » et collectionneur, « l’estampe retourne aux murs ». Finie l’époque où un Henri Petiet, ingénieur dans l’industrie automobile, mort en 1982, accumulait chez lui des milliers et des milliers de gravures, des XIX et XXe siècles, le plus souvent en noir et blanc, que la maison de ventes Piasa continue d’ailleurs de disperser au fil de dizaines de ventes auprès de spécialistes.
Des artistes naguère très prisés peuvent avoir perdu actuellement de leur valeur d’antan comme Laboureur, Goetz, Rouault, Cassigneul, Brasilier, Marie Laurencin ou même Giacometti. D’autres à l’inverse s’apprécient beaucoup comme Monory, Malaval , Vasarely, Delaunay…
A surveiller de près.
Le commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint-Cyr recommande d’acheter les gravures des grands Français, Buren, Raynaud, Lavier. « Ils sont encore très bon marché », dit-il.
L’experte Isabelle Milsztein, travaille pour Artcurial . Ses conseils sont affûtés. Elle remarque que l’hyperréalisme n’est pas a son prix et que d’ailleurs il est en train de remonter. Elle a installé à l’hôtel Dassault, au bas des Champs Elysées, une galerie d’estampes contemporaines, où elle présente jusqu’au 29 juillet de Miro à Barcelo la création espagnole d’estampes.
L’important est de suivre son propre goût et d’acheter ce qui plaît. Mais pour se mettre au courant des tendances actuelles de la création il faut visiter au Grand Palais, à Paris, du 10 mai au 25 juin l’exposition « La force de l’art » qui met en scène quelque 200 artistes, ( mais qui en oublie hélas beaucoup) . Voir aussi l’exposition de 14 oubliés de cette grand-messe (Alechinsky, Ben…) à la galerie 1900-2000 de Marcel Fleiss. Et tout au long de l’année le Palais de Tokyo et les galeries d’art ( de Loevenbruck à Obadia, de Ropac à Templon par exemple…).
Les estampes : gravures, lithographies, sérigraphies…sont la voie la plus sure et la plus évidente pour entrer dans le marché de l’art contemporain sans dépenser des fortunes. Dans les galeries et les ventes publique, de plus en plus de collectionneurs et d’amateurs s’y intéressent.
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Les milliardaires François Pinault ou Bernard Arnault figurent parmi les plus célèbres collectionneurs d’art contemporain. On connaît leurs goûts et leurs aspirations. On sait aussi ce qu’il leur en coûte, des millions de dollars. Mais il n’est pas nécessaire d’être aussi riche qu’eux pour faire également partie de cet univers. Avec quelques centaines d’euros on peut acheter des œuvres des plus grands artistes d’aujourd’hui, dont les tableaux valent des milliers ou des millions d’euros, ceux là même qu’ils collectionnent, et que par exemple François Pinault montre actuellement au Palazzo Grassi de Venise.
Les estampes, en effet, sont des œuvres à part entière, datées et signées mais elles demeurent accessibles. Les foires d’art comme la FIAC ou Art Paris leur réservent de plus en plus d’espace. Et chaque année de nombreuses ventes publiques, répertoriées par La Gazette de l’Hôtel Drouot, donnent accès à ces œuvres. Ainsi, lors de la vente organisée à Versailles le 5 mars par Mes Perrin, Royère, Lajeunesse une sérigraphie de Pierre Soulages a été adjugée 1 500 euros, une sérigraphie de Robert Combas, 900 euros, une autre de Takashi Murakami, 900 euros. Abordable non ?
Chez Cornette de Saint-Cyr, à Drouot-Richelieu, le 19 mars, une Chaise électrique d’Andy Warhol était adjugée 6047 euros ; deux lithographies de Pierre Soulages partaient pour 1 270 et 1 391 euros ; une très vaste sérigraphie d’Arman pour 5079 euros ; et une lithographie pleine de couleurs de Robert Combas pour 1512 euros. Chez Catherine Charbonneaux, à Drouot –Richelieu, le 29 mars, une aquatinte de Jean Fautrier de 1964 était adjugée 300 euros.
Les prix parfois s’envolent pour des pièces remarquables. Ainsi le 4 avril, chez Artcurial (Mes Briest, Le Fur, Poulain, F . Tajan) Isabelle Milsztein avait organisé une vente d’estampes au cours de laquelle une lithographie en quatre couleurs de Jean Dubuffet « Nez carotte », datée de 1962, et tirée a 50 exemplaires, 60x38 cm, a obtenu 49 329 Euros. Mais le même jour, une eau forte de David Hockney « French Shop », 1971, se vendait 1973 Euros, et une sérigraphie sur vinyle de Tom Wesselmann de 1965, la première planche de cet artiste, tirée a 300 exemplaire « Cut Out Nude » partait a 8 016 euros sur une estimation de 4 000. « Un hommage à Jean-Sebastien Bach » de Victor Vasarely, éditions Belfond 1973, album composé de 14 sérigraphies en couleur, était vendu 8 604 Euros.
Les galeries d’art elles aussi proposent des estampes des artistes les plus avant-gardistes. A la Fiac en 2002, Emmanuel Perrotin dont les galeries, rue de Turenne à Paris et à Miami, sont devenues des hauts lieux de l’art contemporain, avait joué la carte de la démocratisation. Il offrait pour 100 euros pièce des tirages (exécutés sur place) d’oeuvres du Japonais Takashi Murakami. Vingt visuels limités à 300 exemplaires chacun. En deux jours, Emmanuel Perrotin en avait vendu 2 000, refusant d’ailleurs les demandes de certains qui auraient acheté 20, 30 exemplaires. Quelques uns de ces tirages sont présentés aujourd’hui dans des ventes publiques avec des estimations de 2 à 3 000 euros, choquantes d’ailleurs à l’avis du galeriste qui ne souhaitait pas, pour ces produits, un tel effet de spéculation. « C’était un pari, explique t-il. Il avait fallu acheter les droits à l’artiste ; installer une logistique énorme de fabrication et de commercialisation : tubes pour l’empaquetage, caisse enregistreuse, manutention…Ce qui entraînait un coût de production élevé » A Miami, Emmanuel Perrotin vend 300 euros des multiples de Murakami tirés à 5 000 exemplaires et d’autres beaucoup plus chers, de 3 à 5 000 dollars, édités à 50 exemplaires sur de très beaux papiers avec des couleurs spéciales. On trouve aussi, dans sa galerie de Paris, des tirages de Aya Takano, Chiho Aoshima ou Nicolas Frize… « Le marché de l’estampe est encore mal mis en valeur dans les expositions en France mais il devrait se développer » dit Perrotin.
ENCADRES
Combien ça coûte ?
De quelque 100 euros à plusieurs millions de dollars, c’est ce que valent les estampes d’artistes contemporains confirmés. Chez Christie’s à New York en novembre 2005 une sérigraphie de Jasper Johns, « Flag 1 » de 1973 atteignait 5, 94 millions de dollars. En février, à Londres, chez Christie’s également, une série des dix « Marilyn » de Andy Warhol , tirée à 200 exemplaires, provenant directement de la collection de Claude Renard, un ancien cadre de chez Renault et de son épouse Micheline, était adjugée 1 million de dollars. En comparaison la peinture « Orange Marilyn » de Warhol avait atteint 17,3 millions de dollars chez Sotheby’s en 2004. Avec des prix bien plus modestes on peut acheter en vente publique des classiques comme Pierre Soulages ou Hans Hartung : autour de deux milliers d’euros. Attention, il ne faut pas confondre une estampe signée et un simple poster. Ainsi chez Yvon Lambert, un poster de Cy Twombly, « Actualité d’un bilan », 1972, d’époque, est proposé pour 50 euros et un autre au même prix de 1987 annonce une exposition de Basquiat. Un cadeau, pour des pièces qui se raréfient, mais ni signées, ni datées ce ne sont pas des œuvres à part entière. En revanche, une exceptionnelle sérigraphie d’une série anatomique de Jean-Michel Basquiat, de 1982, y est offerte à 5 000 euros. Et ce n’est pas cher non plus ! Un tableau de Twombly ou de Basquiat s’estime au bas mot 1 million de dollars.
Du côté des jeunes artistes, Chez Valentin, rue Saint Gilles propose une sérigraphie de Laurent Grasso ( un des artistes exposés actuellement à la rétrospective « Notre histoire » au Palais de Tokyo), « Radio Ghost », qui peut être emportées pour 100 euros et une Vanité de Mathieu Mercier (prix Marcel Duchamp 2003 de l’association des collectionneurs ADIAF), pour 150 Euros. A la galerie de Multiples, une lithographie de John Baldessari est offerte à 2500 euros, (très peu par rapport à la cote de ses tableaux) ; une création de Saadane Afif à 300 euros et un affiche de Tissot « NRV » à 100 euros.
Comment bien acheter.
Selon l’expression de Bernard Gheerbrant, fondateur de la librairie «La Hune » et collectionneur, « l’estampe retourne aux murs ». Finie l’époque où un Henri Petiet, ingénieur dans l’industrie automobile, mort en 1982, accumulait chez lui des milliers et des milliers de gravures, des XIX et XXe siècles, le plus souvent en noir et blanc, que la maison de ventes Piasa continue d’ailleurs de disperser au fil de dizaines de ventes auprès de spécialistes.
Des artistes naguère très prisés peuvent avoir perdu actuellement de leur valeur d’antan comme Laboureur, Goetz, Rouault, Cassigneul, Brasilier, Marie Laurencin ou même Giacometti. D’autres à l’inverse s’apprécient beaucoup comme Monory, Malaval , Vasarely, Delaunay…
A surveiller de près.
Le commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint-Cyr recommande d’acheter les gravures des grands Français, Buren, Raynaud, Lavier. « Ils sont encore très bon marché », dit-il.
L’experte Isabelle Milsztein, travaille pour Artcurial . Ses conseils sont affûtés. Elle remarque que l’hyperréalisme n’est pas a son prix et que d’ailleurs il est en train de remonter. Elle a installé à l’hôtel Dassault, au bas des Champs Elysées, une galerie d’estampes contemporaines, où elle présente jusqu’au 29 juillet de Miro à Barcelo la création espagnole d’estampes.
L’important est de suivre son propre goût et d’acheter ce qui plaît. Mais pour se mettre au courant des tendances actuelles de la création il faut visiter au Grand Palais, à Paris, du 10 mai au 25 juin l’exposition « La force de l’art » qui met en scène quelque 200 artistes, ( mais qui en oublie hélas beaucoup) . Voir aussi l’exposition de 14 oubliés de cette grand-messe (Alechinsky, Ben…) à la galerie 1900-2000 de Marcel Fleiss. Et tout au long de l’année le Palais de Tokyo et les galeries d’art ( de Loevenbruck à Obadia, de Ropac à Templon par exemple…).
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