* "Le corps photographié" ( chez Flammarion )
« Le corps photographié », par John Pultz et Anne de Mondenard ( Flammarion )
Une des toute premières photographies de l'histoire est celle qu'Hippolyte Bayard ( 1801-1887 ) a prise de lui-même en 1840, nu, yeux clos, comme tiré de l'eau, intitulée avec humour : « Autoportrait en noyé ». Cette photo « éditoriale » signifiait la protestation de ce pionnier, inventeur d'un procédé direct de photographie sur papier, délaissé par le gouvernement français au profit du brevet - fructueux et plein d'avenir - acheté à Louis, Jacques, Mandé Daguerre ( 1787-1851 ) qui avait poursuivi les travaux initiateurs de Nicéphore Niepce (1 785-1833 ). Dès son avènement, la photographie, a été autre chose qu'un seul procédé technique calquant la réalité pour la reproduire. Par le choix de ses sujets, par le cadrage, par la mise en lumière… la photographie a d'abord été un choix. John Pultz, professeur d'histoire de l'art à l'université du Kansas, conservateur du département photographie au Spencer Art Museum et Anne de Mondenard, chargée des collections de photographie du Musée des Monuments français à Paris expliquent comment le corps, dans tous ses états, est très vite un des objets principaux de la photographie. Leur ouvrage est passionnant. Il feuillette quelque cent-cinquante années d'images du corps, fixées par les objectifs, créées par les artistes que furent Nadar et Vallou de Villeneuve, Gustave Le Gray et Lewis Carol, Alfred Stieglitz et Wilhem von Gloeden… mais aussi Cartier-Bresson, Bellmer , Riefenstahl, Rodger, Capa, et jusqu'à Molinier, Mapplethorpe, Pierre et Gilles… Chacun de ces noms magiques évoque une image. Cette icone ( ou une autre très bien choisie ) figure dans le livre. Et alimente la réflexion des auteurs.
Portraits figés de débuts, devenus documents sociologiques, scientifiques, ethnologiques, médicaux… ; images érotiques dès les années 1850 ; photographies de l'actualité policière, politique, guerrière, tragique comme celle de l'Holocauste… cet ouvrage montre comment la photographie du corps a interagi au long de son développement avec les notions « d'identité personnelle, la sexualité, la société, le pouvoir, l'idéologie, la politique». Il montre aussi comment les artistes se sont accaparé les techniques pour faire de l'art avec l'imagination des Man Ray, Duchamp, Boltanski. Et jusqu'à un absent du livre ( un des rares oubliés au demeurant ), l'Américain Spencer Tunick qui s'est rendu célèbre avec ses clichés de nus collectifs mariant esthétique et politique. Qui met la photo au service des causes écologiques et de Greenpeace, en photographiant 18000 personnes nues sur la Zocalo de Mexico, sur les glaciers en fusion ou, comme les 3 et 4 octobre en Bourgogne, dans des vignobles supposés menacés. Bref, le livre de John Pultz et Anne de Mondenard, ( 180 pages, 18 € ) est indispensable à ceux qui veulent bien réfléchir à l'usage et à l'avenir de la photographie. Et à tous les amateurs de cet art dans toutes ses directions.
Une des toute premières photographies de l'histoire est celle qu'Hippolyte Bayard ( 1801-1887 ) a prise de lui-même en 1840, nu, yeux clos, comme tiré de l'eau, intitulée avec humour : « Autoportrait en noyé ». Cette photo « éditoriale » signifiait la protestation de ce pionnier, inventeur d'un procédé direct de photographie sur papier, délaissé par le gouvernement français au profit du brevet - fructueux et plein d'avenir - acheté à Louis, Jacques, Mandé Daguerre ( 1787-1851 ) qui avait poursuivi les travaux initiateurs de Nicéphore Niepce (1 785-1833 ). Dès son avènement, la photographie, a été autre chose qu'un seul procédé technique calquant la réalité pour la reproduire. Par le choix de ses sujets, par le cadrage, par la mise en lumière… la photographie a d'abord été un choix. John Pultz, professeur d'histoire de l'art à l'université du Kansas, conservateur du département photographie au Spencer Art Museum et Anne de Mondenard, chargée des collections de photographie du Musée des Monuments français à Paris expliquent comment le corps, dans tous ses états, est très vite un des objets principaux de la photographie. Leur ouvrage est passionnant. Il feuillette quelque cent-cinquante années d'images du corps, fixées par les objectifs, créées par les artistes que furent Nadar et Vallou de Villeneuve, Gustave Le Gray et Lewis Carol, Alfred Stieglitz et Wilhem von Gloeden… mais aussi Cartier-Bresson, Bellmer , Riefenstahl, Rodger, Capa, et jusqu'à Molinier, Mapplethorpe, Pierre et Gilles… Chacun de ces noms magiques évoque une image. Cette icone ( ou une autre très bien choisie ) figure dans le livre. Et alimente la réflexion des auteurs.
Portraits figés de débuts, devenus documents sociologiques, scientifiques, ethnologiques, médicaux… ; images érotiques dès les années 1850 ; photographies de l'actualité policière, politique, guerrière, tragique comme celle de l'Holocauste… cet ouvrage montre comment la photographie du corps a interagi au long de son développement avec les notions « d'identité personnelle, la sexualité, la société, le pouvoir, l'idéologie, la politique». Il montre aussi comment les artistes se sont accaparé les techniques pour faire de l'art avec l'imagination des Man Ray, Duchamp, Boltanski. Et jusqu'à un absent du livre ( un des rares oubliés au demeurant ), l'Américain Spencer Tunick qui s'est rendu célèbre avec ses clichés de nus collectifs mariant esthétique et politique. Qui met la photo au service des causes écologiques et de Greenpeace, en photographiant 18000 personnes nues sur la Zocalo de Mexico, sur les glaciers en fusion ou, comme les 3 et 4 octobre en Bourgogne, dans des vignobles supposés menacés. Bref, le livre de John Pultz et Anne de Mondenard, ( 180 pages, 18 € ) est indispensable à ceux qui veulent bien réfléchir à l'usage et à l'avenir de la photographie. Et à tous les amateurs de cet art dans toutes ses directions.
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