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Monde de l’art : c’est l’année du Cheval !

 

 

Avec le mois de février, le monde de l’art reprend ses marques. Expositions des musées, galeries, ventes publiques… ont retrouvé des couleurs et cherchent avec l’élan de l’année chinoise du Cheval à attirer visiteurs, amateurs, acheteurs.

 

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À tout seigneur tout honneur ! À la plus ancienne revue d’art  française, « La Gazette Drouot », l’hebdomadaire des ventes aux enchères, créée en 1891,  et rajeunie d’année en année, offrons la préséance. Normal, la Gazette, chaque semaine, trace de grandes routes à travers les arts et les civilisations en mettant en relief les pièces les plus extraordinaires qui apparaissent sur le marché. Cette belle revue offre à chacun le spectacle éphémère d’objets, de tableaux, de tapisseries, de sculptures, de livres, de monnaies, etc.  qui, le temps de leur exposition au public, deviennent des objets de fantasmes pour les acquéreurs éventuels ou les amoureux des arts, avant d’entrer ou de retourner –jusqu’à quand ?- dans des collections privées ou dans des musées.

 

Vous « kiffez » les belles voitures ? Voilà présentées à propos d’une vente judiciaire du 14 février une « Ferrari » première main ; une « AstonMartin », des « Porsche » ;  des « Bentley »… Vous rêvez d’une torche créée par Philippe Starck pour les Jeux Olympiques d’Albertville (1994) (le 8 février, Coutau-Bégarie,  à Drouot) ; de vases de Gallé, Schneider, Delatte… (le 15 février, Anticthermal, à Nancy) ; de faïence XVIIIème (le 15 février, Espace de Bourbon à Pau) ; de beaux livres (le 14 février, Ivoire, à Aix en Provence ; les  20 et 21 février, Ivoire, à Lyon ) ; de tableaux et dessins anciens et du XIXème siècle (le 7 février Artcurial à Drouot) ; de bagages Chanel, Vuitton ( le 14 février chez Artcurial à Drouot) ; d’objets d’art asiatique (le 21 février, Le Fur, AuctionArt à Drouot) ; de peintures modernes et contemporaines (le l2 février, Blanchet et associés, à Drouot) ; de bijoux et montres (le 10 février, Cornette de Saint-Cyr à Drouot ; le 12 mars et le 31 mars, Tajan, espace Tajan) ; des effets personnels de Napoléon Premier (le 23 mars, Osennat, à Fontainebleau) etc. etc. Plongez dans la Gazette, vous saurez tout ce que vous voulez savoir.

 

Promenade à Saint-Germain des Près du côté des galeries, en fin de semaine dernière. Au fil d’un chemin chargé d’images et d’évocations d’hier et d’avant hier… voici les quelques perles qui m’ont séduit .

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D’abord, voici l’irremplaçable Ben, Benjamin Vautier, toujours aussi frétillant de la cervelle et du pinceau. Toujours aussi subtil, rigolo et profond avec ses questions intentionnées. Son interrogation, chez « Lara Vincy », 47 rue de Seine : « C’est quoi la culture ? ». Et Ben, ce Socrate bienveillant,  répond par une profusion de tableaux bien dans sa manière où un tracé de peinture pose le débat. Ou bien par de drôles d’ objets façonnés. Parfois il tranche. Il donne ainsi un savoureux conseil  sur le Marché de l’art. «  Un conseil de la mère Denis. Vendez vos Régent, Vendez vos La Galla, Vendez vos Jeff Koons, Vendez vos César, Vendez vos Mayaux, Vendez tout et Achetez du Ben et du Panighi ». Il est trop tard, hélas, pour voir l’exposition (clôturée le 1er février), mais il est toujours temps de passer à la « galerie Lara Vincy » pour acheter du Ben… Faire vite…

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Voici, chez « Gimpel et Müller », qui vient de s’enrichir d’un nouvel espace jouxtant la galerie initiale du 12 rue Guénégaud,  une belle exposition qui permet de découvrir ou de redécouvrir un grand graveur et sculpteur,  Henri-Georges Adam (1904-1967). C’est à lui que l’on doit parmi d’autres œuvres monumentales, l’immense  sculpture, « le Signal », érigée en 1961 sur le parvis du Musée des Beaux Arts André Malraux au Havre. Berthold Müller expose de superbes grandes gravures, figuratives , expressionnistes, pour les plus anciennes, non figuratives, pour les plus récentes, de plusieurs époques d’Adam. Comme l’écrivait mieux que quiconque, en 1957, Bernard Gheerbrant, Adam est resté « fidèle à la matière, le cuivre rouge, qu’il découpe la plupart du temps pour dégager la forme, et à l’outil, le burin. Les surfaces sont couvertes de longues tailles rigoureusement parallèles que viennent recouper d’autres tailles ».  Est proposée notamment , à côté d’une gravure réalisée, la fameuse et rare plaque de cuivre qui a été gravée et utilisée par l’imprimeur.

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Chez Georges-Philippe et Nathalie Vallois, 36 rue de Seine, voici, posé à même le sol, comme sur une petite route un grand arbre nu,  abattu. Ce tronc et ces grosses branches, que vous contemplez, dont vous explorez du regard la matière, bronze ? marbre ?... s’anime soudain comme s’il était habité. Une convulsion et un craquement. L’effet de surprise vous le rend suprêmement étrange, l’arbre.Celui-ci est pour Virginie Yassef qui l’a façonné comme un hommage - direct ou indirect - aux premières lignes de la pièce de théâtre intense, célébrissime et « culte » de Samuel Beckett, « En attendant Godot ».  Elle le présente sous le titre : « Au milieu du crétacé ».

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 Dans un autre espace de la galerie, sont exposés au mur les tableaux figuratifs (nous y reviendrons) d’un tout jeune peintre parisien, Pierre Seinturier, né en 1988, primé au Salon de Montrouge et montré dans l’exposition des  musées des tissus et arts décoratifs de Lyon dans le cadre des modules de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint-Laurent. Ses tableaux, d’un format moyen, ont une extraordinaire force d’évocation. Chacun des panneaux  de son imagerie personnelle décrit, mine de rien,  une scène qui peut être considérée en elle même. C’est si l’on veut un tableau de genre : un lac avec personnages, un ponton, un promeneur sur une route de forêt… très bien peint,  avec une touche élégante et moderne, efficace. Mais ce peut être aussi – et voilà le piquant- l’instantané d’une histoire, d’une énigme, d’un fait divers… dont on cherche à percer le mystère.

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Comme un fait exprès, juste en même temps, voici, à l’inverse de cette peinture qui incite à faire travailler son âme de Sherlock Holmes, non loin de là, 26 rue Mazarine, à la « galerie Pièce Unique Variations » les peintures d’un artiste américain, né à Boston en 1957, David Bowes. De  l’univers rigoureux et un peu anxiogène de Pierre Seinturier, nous voici projetés dans un tout autre monde. Celui du rêve de l’onirisme. Marussa Gravagnuolo et Christine Lahoud ont choisi à bon escient de montrer ce travail qui est un antidote aux  crispations de ce temps de crise, aux migraines des impôts, du chômage et des problématiques sociétales. « Retour de Naples » de David Bowes, comme s’intitule l’exposition, est un festival de couleurs, de fraîcheur, de bonne humeur.

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La couleur dominante y est le bleu. Un bleu qui va de l’azur le plus intense au bleu du ciel le plus pur. Et dans cette dominante, s’inscrivent le plus souvent des paysages paisibles de piémonts soudainement saisis par la débauche de bâtiments extravagants en forme de tours, d’envols de fleurs de plumes roses ou ocelées, de personnages issus de la Commedia dell’Arte… David Bowes nous invite à partager son Italie, son Pays des merveilles, avec ses Palais et ses Tours. On y danserait la capucine…

 

Jacques Bouzerand

 

 

 

 

 

 

 



02/02/2014
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