* Rotraut et l'Entrepreneur
L'artiste et l'entrepreneur
L'exposition, en plein vignoble, des sculptures monumentales de Rotraut au Château Sainte Roseline, aux Arcs-sur-Argens , dans le Var, est le résultat explosif et rutilant d'une fructueuse rencontre. Celle de deux aventures humaines. Une artiste qui puise dans son subconscient l'énergie des formes qu'elle suscite et magnifie. Celle d'un entrepreneur qui insuffle toute sa vitalité dans la réussite de son exploitation et la perfection de ses produits. Prenons une image : c'est l'abeille (qui butine, danse et livre son miel) et l'architecte (qui pense, organise, construit). Mais la vie n'est jamais simple. Ici, l'abeille est aussi architecte et, bien sûr, vice-versa.
Bernard Teillaud, comme les chats, a plusieurs vies. Il naît dans une famille où le père est architecte et la mère peintre. On y vit entouré d'artistes : son parrain et celui de sa sœur n'est rien moins que le sculpteur Émile Gilioli. Dans la région de Grenoble, il se lance d'abord, à fond et avec bonheur, dans la promotion immobilière. Parallèlement, il s'initie aux charmes de la viticulture sur les vignes de la Motte qui appartiennent à ses parents. La propriété est revendue en 1978. Bernard Teillaud peut alors se recentrer avec succès sur son métier puis s'éclater littéralement dans les affaires avant de revendre son groupe, fortune largement assurée. Mais le virus de la vigne ne l'a jamais quitté. Bernard Teillaud acquiert en 1993 le Château Sainte Roseline, fondé autour d'une abbaye sous la papauté de Jean XXII au XIV ème siècle et, plus près de nous, cultivé par le baron Henri de Rasque de Laval fondateur des crus classés des Côtes de Provence. Bernard Teillaud qui ne fait jamais les choses à moitié y investit tous les moyens nécessaires pour tailler sur 200 hectares un multiple joyau. À cette belle propriété il adjoint celle de ses parents qu'il a rachetée en 2005, le domaine de Saint-Michel d'Esclans, dont les gourmets connaissent le cru : « Les Demoiselles ». Au total, des vins succulents, élevés avec précaution, amour et l'aide avisée de l'œnologue Christophe Bernard. Ces bouteilles trouvent désormais leur place sur les tables des plus prestigieux restaurants de France et chez les amateurs de crus excellents (1,100 millions de bouteilles ont été commercialisées en 2006). Quant au cadre, il est unique. Et splendide. L'espace de vie a été repensé et intelligemment réaménagé par le grand architecte Jean-Michel Wilmotte.
L'abbaye des Templiers avec son cloître et ses immenses salles aux murs ocre, gris et blanc marie le bois, le verre, le fer, la pierre. La demeure a été comme prévue pour abriter une maison d'habitation au confort luxueux et une forte collection d'art contemporain constituée avec Françoise Teillaud. Dessins et mobiliers de Bernar Venet ; sculptures de Bernard Pagès, de Gilioli, de Chillida… ; tableaux d'Alechinsky, de Viallat, de Blais, de Morellet, de Boisrond…s'inscrivent parmi les masques et statues d'Afrique ou d'Océanie, et les immenses potiches d'argile chinoises. Sur cet ensemble au goût parfait veille dans sa châsse de cristal, la protectrice et miraculeuse Sainte Roseline, allongée depuis sept siècles dans sa chapelle voisine dotée voilà trente ans par Marguerite Maeght d'une vaste mosaïque verticale de Chagall, de vitraux de Bazaine et Ubac, de bronzes de Diego Giacometti. Le lieu est un écrin naturel pour l'art et la culture. Pour les musiciens classiques ou de jazz qui y tiennent des concerts. Pour les sculpteurs et plasticiens qui y déploient leurs créations : Miro , Venet, Pagès, Viallat, Chilida, Caro, Courtright, Raboud, Fahri, Folon…Sur ces respirations veille Aurélie Bertin, fille de Bernard Teillaud.
Quel cadre plus sensible et plus fervent pouvait trouver Rotraut pour installer ses sculptures monumentales ? Celles-ci se réveillent et se révèlent à proximité du sanctuaire de la Sainte, fille du marquis de Villeneuve, seigneur des Arcs, née en 1263. Lors d'une famine la jeune fille puise en catimini dans les garde-manger de la famille pour nourrir des pauvres. Surprise par son père qui l'enjoint de montrer ce qu'elle cache dans son tablier, Roseline en ouvre les pans et, miracle : une brassée de roses s'en échappe. Devenue religieuse à l'abbaye de la Celle-Roubaud, ( ici même ) , elle meurt en 1329 et sera canonisée… Les sculptures de Rotraut, (dont le nom lui-même évoque la rose), s'épanouissent aussi au milieu des cépages dont les vocables chantent : Syrah, Carignan, Cinsaut, Rolle, Grenache, Cabernet-Sauvignon, Mourvèdre, Sémillon…Les ceps tortueux, noueux, vont chercher au cœur de la terre, dans le tréfonds des couches d'argile et de calcaire, leurs subtiles nourritures. Les œuvres de Rotraut peuvent s'y enraciner.
« L'âme, dit Rotraut, vient de la terre, comme le vin. Nous, les hommes, nous sommes tous les enfants de la Terre. Nous sommes la Terre. Et nous devons veiller sur elle. Nous devons faire en sorte qu'elle aille bien. Utiliser son énergie pour nous ressourcer. Et cela sans faire de différence entre les races, les religions qui divisent l'humanité. Ensemble, nous ne devons avoir qu'une seule cause, celle de la Terre, tandis que menace de se révolter le super-volcan de Yellowstone dont les fumées, les flammes et les cendres feraient surgir une atroce période de glace et de nuit sur la planète » Le travail de Rotraut, tout en sensibilité et en harmonie avec la Nature, explore cette voie. Ses œuvres montrées ici témoignent toutes de cette quête de sens et de recherche des souffles et des vérités de la Vie. À l'entrée de la propriété, voilà précisément, signe annonciateur et privilégié de toute une philosophie, sa sculpture « la Vie ». Plus loin, « le Guetteur de Ciel » attend des signes de l'au-delà du visible ; « la Gitane » virevolte ; « le Phénix » et « l' Homme vert » prennent les allures de contes de fées ; « le Cosaque » impose sa puissance ; « le Pont d'Arc en ciel » vibre ; « Cro-Magnon » rappelle nos origines mystérieuses ; « le Cheval noir » et « le Cheval d'or » prennent toute leur liberté. Sous les étoiles, tout peut commencer, tout devient possible…
Ces formes, dans leur diversité ont chacune été produites par Rotraut dans une conduite d'énergie-réflexe dès 1956, sur des tableaux d'abord. À partir d'une giclée d'un mélange de plâtre et de colle. Puis Rotraut les a élues et choyées. L'artiste y a discerné du végétal, de l'animal, de l'humain ; elle y a perçu la masculinité, la féminité…. Vite, ces formes sont devenues des personnes à part entière qui peuvent mener leur vie aussi bien dans l'air que dans l'eau, comme sur la terre : elles sont le feu. Rotraut les décline en sculptures de céramique, de marbre blanc de Carrare ou noir de Belgique, de métal, de bois, de pierre, de bronze, d'acier, de plastique… Nées grandes comme une main d'enfant, elles deviennent parfois immenses ; blanches à l'origine, elles se parent de toutes les couleurs les plus vives : robes rouges comme une braise qui rayonne, parures jaune-vif, noir de geai ou or pur des joyaux, elles étincellent au soleil comme autant de diamants.
L'exposition, en plein vignoble, des sculptures monumentales de Rotraut au Château Sainte Roseline, aux Arcs-sur-Argens , dans le Var, est le résultat explosif et rutilant d'une fructueuse rencontre. Celle de deux aventures humaines. Une artiste qui puise dans son subconscient l'énergie des formes qu'elle suscite et magnifie. Celle d'un entrepreneur qui insuffle toute sa vitalité dans la réussite de son exploitation et la perfection de ses produits. Prenons une image : c'est l'abeille (qui butine, danse et livre son miel) et l'architecte (qui pense, organise, construit). Mais la vie n'est jamais simple. Ici, l'abeille est aussi architecte et, bien sûr, vice-versa.
Bernard Teillaud, comme les chats, a plusieurs vies. Il naît dans une famille où le père est architecte et la mère peintre. On y vit entouré d'artistes : son parrain et celui de sa sœur n'est rien moins que le sculpteur Émile Gilioli. Dans la région de Grenoble, il se lance d'abord, à fond et avec bonheur, dans la promotion immobilière. Parallèlement, il s'initie aux charmes de la viticulture sur les vignes de la Motte qui appartiennent à ses parents. La propriété est revendue en 1978. Bernard Teillaud peut alors se recentrer avec succès sur son métier puis s'éclater littéralement dans les affaires avant de revendre son groupe, fortune largement assurée. Mais le virus de la vigne ne l'a jamais quitté. Bernard Teillaud acquiert en 1993 le Château Sainte Roseline, fondé autour d'une abbaye sous la papauté de Jean XXII au XIV ème siècle et, plus près de nous, cultivé par le baron Henri de Rasque de Laval fondateur des crus classés des Côtes de Provence. Bernard Teillaud qui ne fait jamais les choses à moitié y investit tous les moyens nécessaires pour tailler sur 200 hectares un multiple joyau. À cette belle propriété il adjoint celle de ses parents qu'il a rachetée en 2005, le domaine de Saint-Michel d'Esclans, dont les gourmets connaissent le cru : « Les Demoiselles ». Au total, des vins succulents, élevés avec précaution, amour et l'aide avisée de l'œnologue Christophe Bernard. Ces bouteilles trouvent désormais leur place sur les tables des plus prestigieux restaurants de France et chez les amateurs de crus excellents (1,100 millions de bouteilles ont été commercialisées en 2006). Quant au cadre, il est unique. Et splendide. L'espace de vie a été repensé et intelligemment réaménagé par le grand architecte Jean-Michel Wilmotte.
L'abbaye des Templiers avec son cloître et ses immenses salles aux murs ocre, gris et blanc marie le bois, le verre, le fer, la pierre. La demeure a été comme prévue pour abriter une maison d'habitation au confort luxueux et une forte collection d'art contemporain constituée avec Françoise Teillaud. Dessins et mobiliers de Bernar Venet ; sculptures de Bernard Pagès, de Gilioli, de Chillida… ; tableaux d'Alechinsky, de Viallat, de Blais, de Morellet, de Boisrond…s'inscrivent parmi les masques et statues d'Afrique ou d'Océanie, et les immenses potiches d'argile chinoises. Sur cet ensemble au goût parfait veille dans sa châsse de cristal, la protectrice et miraculeuse Sainte Roseline, allongée depuis sept siècles dans sa chapelle voisine dotée voilà trente ans par Marguerite Maeght d'une vaste mosaïque verticale de Chagall, de vitraux de Bazaine et Ubac, de bronzes de Diego Giacometti. Le lieu est un écrin naturel pour l'art et la culture. Pour les musiciens classiques ou de jazz qui y tiennent des concerts. Pour les sculpteurs et plasticiens qui y déploient leurs créations : Miro , Venet, Pagès, Viallat, Chilida, Caro, Courtright, Raboud, Fahri, Folon…Sur ces respirations veille Aurélie Bertin, fille de Bernard Teillaud.
Quel cadre plus sensible et plus fervent pouvait trouver Rotraut pour installer ses sculptures monumentales ? Celles-ci se réveillent et se révèlent à proximité du sanctuaire de la Sainte, fille du marquis de Villeneuve, seigneur des Arcs, née en 1263. Lors d'une famine la jeune fille puise en catimini dans les garde-manger de la famille pour nourrir des pauvres. Surprise par son père qui l'enjoint de montrer ce qu'elle cache dans son tablier, Roseline en ouvre les pans et, miracle : une brassée de roses s'en échappe. Devenue religieuse à l'abbaye de la Celle-Roubaud, ( ici même ) , elle meurt en 1329 et sera canonisée… Les sculptures de Rotraut, (dont le nom lui-même évoque la rose), s'épanouissent aussi au milieu des cépages dont les vocables chantent : Syrah, Carignan, Cinsaut, Rolle, Grenache, Cabernet-Sauvignon, Mourvèdre, Sémillon…Les ceps tortueux, noueux, vont chercher au cœur de la terre, dans le tréfonds des couches d'argile et de calcaire, leurs subtiles nourritures. Les œuvres de Rotraut peuvent s'y enraciner.
« L'âme, dit Rotraut, vient de la terre, comme le vin. Nous, les hommes, nous sommes tous les enfants de la Terre. Nous sommes la Terre. Et nous devons veiller sur elle. Nous devons faire en sorte qu'elle aille bien. Utiliser son énergie pour nous ressourcer. Et cela sans faire de différence entre les races, les religions qui divisent l'humanité. Ensemble, nous ne devons avoir qu'une seule cause, celle de la Terre, tandis que menace de se révolter le super-volcan de Yellowstone dont les fumées, les flammes et les cendres feraient surgir une atroce période de glace et de nuit sur la planète » Le travail de Rotraut, tout en sensibilité et en harmonie avec la Nature, explore cette voie. Ses œuvres montrées ici témoignent toutes de cette quête de sens et de recherche des souffles et des vérités de la Vie. À l'entrée de la propriété, voilà précisément, signe annonciateur et privilégié de toute une philosophie, sa sculpture « la Vie ». Plus loin, « le Guetteur de Ciel » attend des signes de l'au-delà du visible ; « la Gitane » virevolte ; « le Phénix » et « l' Homme vert » prennent les allures de contes de fées ; « le Cosaque » impose sa puissance ; « le Pont d'Arc en ciel » vibre ; « Cro-Magnon » rappelle nos origines mystérieuses ; « le Cheval noir » et « le Cheval d'or » prennent toute leur liberté. Sous les étoiles, tout peut commencer, tout devient possible…
Ces formes, dans leur diversité ont chacune été produites par Rotraut dans une conduite d'énergie-réflexe dès 1956, sur des tableaux d'abord. À partir d'une giclée d'un mélange de plâtre et de colle. Puis Rotraut les a élues et choyées. L'artiste y a discerné du végétal, de l'animal, de l'humain ; elle y a perçu la masculinité, la féminité…. Vite, ces formes sont devenues des personnes à part entière qui peuvent mener leur vie aussi bien dans l'air que dans l'eau, comme sur la terre : elles sont le feu. Rotraut les décline en sculptures de céramique, de marbre blanc de Carrare ou noir de Belgique, de métal, de bois, de pierre, de bronze, d'acier, de plastique… Nées grandes comme une main d'enfant, elles deviennent parfois immenses ; blanches à l'origine, elles se parent de toutes les couleurs les plus vives : robes rouges comme une braise qui rayonne, parures jaune-vif, noir de geai ou or pur des joyaux, elles étincellent au soleil comme autant de diamants.
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