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Sculpture animalière: l'âge du bronze ( 2001 )

Sculpture animalière: l'âge du bronze







Voilà exactement 100 ans, la Manufacture d'armes et de cycles de Saint-Etienne offrait dans son catalogue un vaste choix d'« animaux en bronze imitation et vrai bronze ».  Le « Tigre japonais » ( "origine garantie" ), d'un poids de 5,5 kg, coûtait 119 francs ( 2400 francs d'aujourd'hui environ )  et le « Grand lion » par Vidal ( 5 kg ), 75 francs, soit à peu près 1500 francs actuels. Ces bronzes ont depuis lors orné nombre de cheminées bourgeoises. On les retrouve à présent chez les antiquaires et dans les salles de ventes où ils bénéficient d'un regain d'intérêt. Ce ne sont pas de ces chefs d'oeuvres de musées qui font les hautes cotes. Mais ils témoignent d'un réel intérêt pour ce type de sujets et ce métal particulier : le bronze.



C'est la découverte d'un alliage de cuivre et d'étain voilà plus de 5000 ans qui lui a donné naissance. Les alliages ont depuis évolué et fait entrer dans leur composition d'autres métaux : zinc ou plomb. Mais pour être bronze,  la matière fusionnée doit contenir 65 % au moins de cuivre. Un mélange approchant, moins coûteux et plus léger, le régule, compte une large part de zinc. Très vite l'animal a été le sujet de prédilection des artistes du bronze. Dans son livre « Le bronze et l'animal », au texte précis et aux nombreuses illustrations, publié chez Massin, Édith Mannoni fait remonter les premiers bronzes animaliers au 3ème millénaire avant notre ère. On les a retrouvés en 1928 dans le Louristan, l'Iran occidental. Ils figurent des bouquetins, des mouflons, des sangliers, des chevaux, de chiens. Plus récents, des bronzes chinois datant de 1500 avant Jésus-Christ représentent des tigres, des buffles, des béliers, des hiboux, des éléphants, des rhinocéros, des cigales mais aussi des bêtes fantastiques, chimères composées d'éléments provenant de divers animaux.  



Plus près de nous encore les steppes russes, l'Antiquité grecque, étrusque ou romaine ont réalisé d'extraordinaires arches de Noé, ou l'on trouve pêle-mêle des lions, des chevaux et des taureaux, des aigles, des coqs, des léopards, des cerfs et des ours... S'ensuivit une longue période de sommeil avant un réveil triomphal à la Renaissance, avec les maîtres florentins, Donatello et Jean de Bologne.







   Catalogue raisonné de Barye



C'est au XVIII ème, et surtout au XIX ème siècle, que le bronze animalier s'épanouit. Antoine-Louis Barye, né à Lyon en 1796, signe de multiples créations. Un « Cheval turc » s'est vendu 37 600 livres chez Christie's à Londres en mai ; un « Lion », 4 025 dollars chez Christie's à New York en décembre 1998 ; un « Guerrier tartare arrêtant son cheval », 25 800 livres chez Sotheby's à Londres en juillet.



Sotheby's encore met en vente à Londres le 13 décembre plusieurs Barye. Un « Lion qui marche » ( entre 6 et 8 000 livres), un « Eléphant du Sénégal chargeant » entre 6 et 8 000 livres ; et un superbe « Cheval surpris par un lion » entre 20 et 30 000 livres. Il faut signaler la magnifique rétrospective Barye organisée à l'Univers du bronze, rue de Penthièvre à Paris  jusqu'au 30 décembre ( 310 modèles exposés) et  la publication par Gallimard du catalogue raisonné de l'artiste par Michel Poletti et Alain Richarme. 20 années de recherches en 512 pages et 680 illustrations.







Pierre-Jules Mène ( 1810-1879) est considéré comme le digne héritier de Barye (4 700 dollars pour un « Fauconnier sur un cheval arabe » chez Christie's à New York en septembre ; 3 290 dollars pour un « Cheval arabe » chez Christie's en mai ; 31 550 livres pour une « Amazone » chez Sotheby's à Londres en juillet. Sotheby's propose à Londres une « Jument arabe et son poulain » entre 6 et 10 000 livres). Parmi les autres se distingueront, au XIXème siècle, Rosa Bonheur, qu'admira George Sand, et son  frère Isidore-Jules ;  d'autres encore : Auguste-Nicolas Cain, Alfred Ducaband, Emmanuel Frémiet, Jules Moignez ( 30 760 livres pour un groupe « Lièvres et lapins » chez Christie's à Londres en avril ), Rouillard, Heizler, Lecourtier, Parmentier, Waagen, Arson, Paillet, Valton...



 



   Pompon,  Sandoz et Bugatti



Au XXème siècle les plus remarqués ont épuré les lignes et axé leur travail sur une plus forte expression : Les plus connus sont Paul Jouve, Ary Bitter,  Edouard-Marcel Sandoz, le fils aîné du fondateur des laboratoires portant le même nom, (1881-1971 ), et surtout François Pompon (1855-1933) dont une « Pintade » a atteint 11 750 dollars chez Christie's à New York en juin ; une « Oie », 1 495 livres chez Christie's à Londres en novembre 1998 ;  et chez Sotheby's en octobre, un « Pélican », 6 240 livres; un « Hippopotame », 6 960 livres; un « Pigeon », 8 400 livres; un « Boston-terrier », 14 300 livre; un « Cerf », 24 650 livres.  



Rembrandt Bugatti et son frère Ettore, le célèbre constructeur de voitures, avaient pour père Carlo un ébéniste dont les meubles témoignent d'un incroyable créativité Art Déco.  Sculpteur animalier prodige, né en 1885,  il débuta à 13 ans chez le prince Troubetzkoy, élève de Rodin. Il mourut précocement à 31 ans à Paris, laissant une oeuvre fascinante de sensibilité et de beauté. Un groupe, « Deux antilopes » a atteint 255 500 dollars chez Christie's en novembre 1998 ; un « Grand tigre royal » 344 750 livres chez Christie's à Londres en novembre; un « Babouin sacré » 337 000 livres chez Christie's à Londres en novembre 1999. L'un de ses admirateurs les plus connus, Alain Delon, avait constitué une fabuleuse collection de ses sculptures. Parmi celles que présentera Me Tajan lors  de sa vente de prestige au Four seasons Hôtel George V à Paris le 21 décembre, figurent deux sculptures de Bugatti: un « Bison d'Amérique » ( haut de 47 cm, long de 67 cm ) estimé de 1 à 1,2 million de francs et une « Chienne Braque et ses petits » (hauteur :33 cm ), estimée de 1,8 à 2, 2 millions de francs. Le 8 décembre Christie's à New York, propose un  « Chat à l'écuelle » entre 30 et 50 000 dollars.



C'est une chance pour ceux qui aiment les bronzes animaliers, on en voit passer très souvent dans les ventes. Au fil des pages d'un des derniers numéros de " La Gazette de l'Hôtel Drouot " c'est tout un bestiaire qui défile. Voici « Deux éléphants, l'un derrière l'autre » de Rembrandt Bugatti ( 1913) chez Me Binoche le 21 décembre à l'Hôtel Drouot, tandis que l'on peut voir passer  chez Mes Delavenne et Lafarge le 15 décembre à Drouot un « Chien limier » et une « Chienne haletant » de Pierre-Jules Mène;  un « Chat persan assis » de Théophile-Alexandre Steinlen et un « Cerf, biche et faon » de Barye ; chez Me Jonquet à Boulogne, le 7 décembre, un « Cerf chargeant » de Jacquemart, une « Gazelle » de Guido Righetti ;  chez Me Aufauvre le 9 décembre au Mans, « Deux lionnes » de Drouot ; chez Me Petit à Nantes le 16 décembre un « Taureau » d'Isidore Bonheur ;  chez Me Sadde à Dijon le 10 décembre un « Diane au lévrier » d'Ary Bitter, et une « Louve de Rome » d'après l'antique ; chez Mes Colignon et Laurent le 9 décembre à Soissons un « Trotteur anglo-normand » de Lenordez, un « Lion tenant un guib » de Barye, un groupe « Chiens de chasse au repos » de Léon Bureau, un « Suny, le lapin » de David Mesly et un « Lapin » de Sandoz ; chez Me Mercier à Lille le 10 décembre une  « Lionne et son petit » de Georges Guyot et une « Chasse à la perdrix » de Mène ; chez Mes Fleck- Raymond à Marseille le 9 décembre, un « Thésée et le Centaure » de Barye,  et chez Mes Arnauné-Prim à Toulouse le 12 décembre une « Lionne assise » de Guyot.






Publié par Le Figaro  ( 2001 )


02/10/2009
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