Un congrès noir de 1956 à la Sorbonne....
Un congrès noir de 1956 à la Sorbonne....
J'ai beaucoup apprécié le film documentaire de Bob Swaim, " Lumières noires", diffusé sur France 2 jeudi soir tard. Ce documentaire est consacré à un événement que je ne me rappelais pas ou dont je n'ai pas eu connaissance: le "Congrès des écrivains et artistes noirs" qui avait réuni à la Sorbonne en septembre 1956 les intellectuels noirs de nombreux pays, soutenus par des écrivains et artistes du monde entier, et militant pour l'émancipation des cultures africaines. Ce film a justement remis en lumière l'importance historique de ce moment fondateur. Il a éclairé la personnalité d'Alioune Diop, le père de "Présence Africaine" et l'initiateur du congrès. Il a permis d'entendre dans la bouche d'Aimé Césaire, à la tribune du congrès, cette phrase mémorable: "Laissez entrer les peuples noirs sur la grande scène de l'Histoire" ( Au passage, elle n'est pas si éloignée, cette phrase , de celle de Sarkozy regrettant à Dakar en juillet 2007: " Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire." Et qu'on a tellement reprochée à Sarkozy... - alors que le rédacteur cultivé de son discours devait sûrement avoir en tête celle de Césaire... Passons ). On y a vu Léopold Sedar Senghor, Édouard Glissant, Paulin Joachim, Miles Davis, Baldwyn, Frantz Fanon etc... C'était, en noir et blanc, l'époque fragile où le marxisme et surtout le soviétisme ne pesaient pas encore - comme très vite et très lourd quelques années plus tard et pour trop longtemps - sur le continent noir. C'était à la veille du retour de De Gaulle aux affaires en France et des indépendances sur le Continent africain.. Dix ans plus tard, en avril 1966, Alioune Diop organisera avec Léopold Sédar Senghor le premier Festival mondial des Arts nègres en 1966 à Dakar. André Malraux ouvrant le Festival avait salué ainsi Senghor: "Pour la première fois , un chef d'État prend entre ses mains périssables le destin d'un continent..." J'ai écouté ce discours non loin de Thiès, sur la route vers Dakar, dans ma 4L grise. Quel pas fabuleux avait franchi l'Histoire ! Et quelle reconnaissance mondiale cela signait enfin pour la civilisation africaine et celle de ses rejetons amèricains ( celle de ces victimes survivantes et combien vivantes de l'esclavage ). Et quel appel à une considération justifiée pour une culture multi-séculaire, profonde, fourmillante de diversité, et pour des arts enfin lus dans leur juste et universelle valeur.
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