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* Une artiste du numérique: Pia Myrvold

Une artiste du numérique, Pia Myrvold


Pia Myrvold, à la conquête de nouveaux espaces… Une exposition ouverte à partir du 29 mai à la galerie moretti & moretti, cour Bérard, près de la Bastille.

 

Il ne faut pas avoir peur de l'art numérique. Même s'il surprend par ses prouesses. Même s'il déstabilise le regard des familiers de la peinture classique. Même s'il ouvre à très grande vitesse des chemins vers l'inconnu esthétique. La

palette richissime qu'il offre, les infinies subtilités des traces qu'il propose, l'agilité de ses pinceaux, de ses pointes, de ses pirouettes ne peuvent que séduire ceux dont l'œil n'est pas mort.

 

« Très bien, d'accord, OK… » peut alors répondre le sceptique en ajoutant : « Il n'empêche que c'est un art mécanique d'où l'humain, la sensibilité sont exclus ! ». Il suffit pour s'en détromper de regarder les œuvres que donne à voir Pia Myrvold dans son exposition « digital age – virtual desires » à la galerie Moretti & Moretti. Cette jeune norvégienne démontre à travers ses créations qu'une incoercible force de vie les anime. Chacun de ses panneaux est un univers vibrant de lignes, un chatoiement de couleurs, un glossaire de formes issues de la nature. Ici, ondoie tout en finesse la surface bleutée d'une piscine californienne ; ici tremble une branche feuillue ; là s'expose un petit pan de mur à la surface écaillée… Saisis, absorbés, digérés, puis restitués sous une nouvelle identité magique et qui fait sens.

 

Rien d'étonnant dans ces emprunts à notre environnement naturel : Pia Myrvold est un chasseur obstiné des feux et des fééries de la planète. En voyage à bord d'un avion, armée de son Nikon, elle capte à toute allure en milliards de pixels,

les détails qui viendront se fixer dans les réseaux de ses ordinateurs, sur ses toiles ou dans son cerveau. Graphismes de montagnes semi-enneigées, de fjords en rubans déchiquetés, de lacs scintillants; coulées d'or de soleil en fusion dans des lacs immobiles. Ou bien, se promenant au bord d'un torrent, du côté de Trömsö, elle repère des touffes d'herbes desséchées et aplaties par le poids d'une neige d'hiver que le printemps a fait fondre; descailloux rutilants, des morceaux de bois, des sables multicolores mouillés, vernis par une eau glacée qui les fait vivre. La coquille d'un œuf de goéland qu'on servira à son dîner lui offre mille et une tachettes brunes de sa surface parfaite… Tout ce qui

recèle quelque beauté sauvage peut devenir la proie de sa sensibilité aiguë, de son regard acéré. Soyez en sûr, nous serons du festin.

 

Car chacune de ces trouvailles, chacun de ces cadeaux de la nature viennent prendre leur juste place dans le travail de Pia Myrvold. Les images qu'elle a captées, elle les retravaille, les allonge, les resserre, les agrandit, les miniaturise, les déforme, les duplique, les met en miroir… Elle s'en sert comme éléments dans ses compositions ou comme trame sur ses écrans. Elle joue aussi avec

d'autres images de corps, de plantes, d'animaux... Choisis non pas pour leur beauté physique intrinsèque mais pour leur présence formelle et symbolique. Dans ce processus de réappropriation, de simples granules de polystyrène

peuvent devenir palais et un minuscule caillou se muer en astéroïde. Dans ses tableaux figurent aussi les formes (parfois anthropomorphiques, robots,

télévisions…) que Pia Myrvold, peintre d'ailleurs aux techniques classiques : acrylique, encre…, peaufine sur toile depuis plus de vingt ans. Des formes qui constituent un répertoire toujours remis en chantier, donnant lieu à d'extraordinaires variations chromatiques.

 

Mais ce n'est pas tout. Pia Myrvold, virtuose de l'ordinateur et du graphisme, incorpore dans ses œuvres numériques des lignes qu'elle dessine, des éclaboussures qu'elle produit, ou plus stupéfiantes encore, des images en deux dimensions de sculptures tridimensionnelles qu'elle crée sur son ordinateur. « Là où la Renaissance travaillait à imaginer la représentation de la troisième dimension, la perspective, je travaille à l'envers, à la construction bidimensionnelle. » dit-elle. L'avantage du numérique pour Pia Myrvold est

l'infinie liberté que lui donnent ses outils. « On peut saisir une vibration, un mouvement, un flux… On peut tout reconstruire, modifier les codes génétiques des images que l'on conçoit, créer un nouveau modèle de plante, d'animal…, réécrire le programme de leur ADN virtuel… Et figer à un moment décisif l'apparence de ce que l'on imagine. » Dans cette position de démiurge, l'artiste

multiplie les possibilités et elle prend sans peur les risques qu'elle assume. « Je travaille avec l'intuition. Le but de ma recherche est de comprendre notre réalité, pas d'en faire la représentation. »

 

Cette création virevoltante, tendue vers toutes les opportunités créatives, Pia Myrvold la développe à travers les supports les plus divers. Grâce aux technologies les plus avancées de la création industrielle, ces images peuvent

désormais se fixer sur des surfaces d'aluminium, de verre, de toile, de bois, de PVC, de béton… ; elles animent la surface de vêtements ; elles parent des mobiliers, des automobiles ; elles enluminent par dizaines ou centaines de mètres carrés des murs, des espaces de bureaux, des parkings, des immeubles, des tours… Nées de l'imagination passionnée de Pia Myrvold elles gagnent des territoires de plus en plus imposants. Comme si leur force interne, leur puissance de pénétration leur avaient communiqué les  secrets de la conquête d'un nouveau monde où l'art sera le grand triomphateur.

 

On peut aussi consulter: www.pia-myrvold.com



16/09/2009
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